L'histoire :
Au Nord-Ouest de l'île du Devon vit Shanks, pirate de l'Arctique, homme des mers aussi froid qu'une banquise. Un vrai aventurier des océans, solitaire et ombrageux, courageux et sans peur. Army Shanks a longtemps roulé sa bosse dans les eaux dangereuses du Nord polaire. Mais voilà, il lui reste une grande mission accomplir, son graal ultime : trouver l'île légendaire de Far Arden et y rejoindre Simon Arctavius, son guide spirituel. Une promesse à tenir, des mers à braver à l'aide d'un navire, l'Aeropagitica, aidé aussi par une cohorte de marins-amis ou compagnons de circonstances : Hafley ou Alistair. Oui mais voilà, seul bémol, personne n'a jamais vu le moindre petit bout de Far Arden. Où aller dans ce contexte ? D'autant plus que sur leur route se dresseront vagues enragées et accrocs ponctuels : des adversaires machiavéliques, des ours blancs et la Royal Canadian Arctic Navy, organisation louche à la poursuite de Shanks...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
400 pages bien tassées, une folle chasse au trésor, un patchwork de personnages fantasques et un rythme effréné porté par un suspense permanent. Pour son premier roman graphique sélectionné aux Eisner Awards en 2010, Kevin Cannon a tapé haut, entre hommage sincère et univers personnel débridé. Moins par ambition carriériste que par amour des récits d'aventure au long cours, populaires et épiques. Dans cette BD au format poche, Cannon ne ménage pas ses personnages, tous lancés à la poursuite d'un graal mythique, comme autant de micro-aventures où la somme des intérêts particuliers se heurtera au projet fou d'Army Shanks de trouver son paradis, son Eden. Sur sa route, indécision, doutes et obstacles en tous genres viendront forcément perturber sa quête insensée, Far Arden sonnant comme le royaume des possibles, le miroir des passions et le siège de l'incertitude. Dans cette BD généreuse où les évènements s'enchaînent à la vitesse du son, le lecteur se perd et vit sur un rythme effréné les péripéties plus ou moins fantaisistes qui se dressent, renforcées par des retournements en pagaille. Spectacle garanti ! Au détriment d'une certaine lisibilité et d'une monotonie de l'action. Visuellement, son trait peu fouillé voire sommaire dans les décors est moins là pour représenter que dynamiter l'action en une chasse au trésor survitaminée et merveilleuse, comme symbole d'une urgence narrative foisonnante volontairement héroïque. On en sort retourné mais apaisé, heureux d'avoir sillonné les mers aux côtés du marin à la pipe, loin, très loin...Fluctuat, nec mergitur...