L'histoire :
Cette année, Maybonne se retrouve avec des professeurs tous aussi craignos les uns que les autres. De plus, elle doit partager son casier avec une Corinna venant de la cambrousse, à l'accent marqué. En dehors des histoires étranges partagées entre adolescents, comme cette main fantomatique apparaissant auprès de Nancy lorsqu'elle est aux toilettes, et le malaise que cela a créé lorsque toutes deux ont été surprises ensemble alors qu'elles voulaient tester la chose au collège, c'est surtout les relations aux garçons qui vont marquer l'année de Maybonne. Et celles avec Doug plus précisément. Quoique l'aventure désastreuse vécue lors du long trip en bus pour aller rendre visite à sa mère va compter durablement pour la jeune ado. Jésus et le mouvement « One Way » la sauveront-ils du péché ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome Come Over Come Over nous avait présenté Maybonne, vivant avec sa petite sœur Marlys chez leur grand-mère. Cette période est à nouveau traitée au rythme de strips de quatre cases, exceptée la plus longue histoire La question que tout le monde se pose, la majorité du temps sous la forme de lettres adressées à sa copine Brenda. Maybonne mûrit doucement mais sûrement, au rythme de ses déceptions amoureuses et du contexte scolaire, social et politique qui l'entoure, accompagné par les rythmes funk rock des tubes d'alors (Sly and the Family Stone, Georges « Bongo Joe » Coleman...). Le style graphique de Linda Barry est minimaliste, très fanzine et n'occupe souvent que la portion basse de chaque case, réalisé à l'encre apparemment très rapidement, avec beaucoup de hachures ondulées sur les fonds. Ce qui pourrait paraître un élément refouloir est relevé comme une bonne sauce par le texte direct et « parlé » de Maybonne. Celui-ci déroule au passage une poésie inattendue. On est vraiment dans l'esprit de l'adolescente et son cœur parle aussi au nôtre. L'autrice a réussi le pari de remonter le temps, car ces récits ont été publiés en 1990-91 aux Etats-Unis, et cela dévoile non seulement un témoignage intime, mais en même temps une sorte de documentaire sociologique de ces années-là, transitoires sur bien des aspects. Tout cela sonne comme une ode à la jeunesse qui s'étiole, et l'esprit qui s'émancipe. Une vie parfaite, pas vraiment. Mais tout cela respire l'envie d'aller de l'avant. Cette lecture pourra sans aucun doute parler aux ados d'aujourd'hui, aussi étrange que cela puisse paraître.