L'histoire :
Cal McDonald n’a pas de veine. Depuis tout petit, tout ce qui ne vit plus ou n’est plus humain n’a aucun secret à ses yeux. Bien malgré lui, il a appris à cultiver ce don, qui lui permet de reconnaître des créatures surnaturelles. Non seulement il les voit, mais en plus, elles se rendent compte qu’il est bien le seul à pouvoir les identifier. C’est un miracle qu’il ait échappé à la psychiatrie ! Mais son pouvoir a tout de même un poids psychologique, puisqu’il ne résiste pas à la tentation de déconnecter ses neurones avec divers produits toxiques – légaux ou pas – dont la liste serait trop longue à établir. Cela ne l’empêche pourtant pas d’être un brave gars, qui va épouser la carrière de flic, jusqu’à être viré pour ses penchants répréhensibles… Il est difficile de se passer de lui quand on tombe sur un cadavre lacéré par des griffes qui n’appartiennent à aucun animal connu. Ou encore, lorsque le cœur de la victime a été arraché… ou même si on trouve une dépouille totalement vidée de son sang… Il reprend donc régulièrement du service, cette fois-ci sur les traces d’un vampire. Très vite, il découvre que le suceur de sang complote avec un loup-garou. C’en est trop pour lui et quelques coups de fusil à pompes plus tard, il se pose tout de même des questions. Quel plan est-il venu interrompre ? Que mijotaient ces créatures qui, théoriquement, ne se fréquentent jamais ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ben Templesmith est le dessinateur qui a réinventé le style gore, en l’adaptant au fantastique. Il s’est fait une spécialité et a signé (entre autres ) Hellspawn, 30 jours de nuit, Dark Days. Son univers graphique est à la limite du révulsant. Dire que ses planches sont extrêmement sombres est un doux euphémisme, puisque les fonds alternent entre blanc sali, gris et noir, sous forme de lavis. Pour cet opus, ils sont régulièrement tâchés de sang. Dans l’absolu, il est un graphiste idéal pour les scénarios de Steve Niles (Batman Gotham County Line : Outre-Tombe, Simon Dark et tous les albums précités). Ces deux là forment déjà un tandem bien rôdé et ça se sent. La narration s’appuie sur un flashback, puisque la première scène correspond à la garde-à-vue de McDonald, et il va expliquer que… ça s’est passé comme ça ! La voix-off est un procédé traditionnel dans les comics, mais elle fonctionne à merveille car les dialogues, bien que très crus, sont remarquablement bien écrits. Et nous voilà ainsi embarqués dans cette histoire totalement délirante, dans laquelle l’humour noir a aussi la part belle. On plonge dans les égouts de Los Angeles, soit dit en passant, une référence croustillante aux chérubins dans ce monde de zombies. On s’imprègne de la folie meurtrière des protagonistes, humains ou pas. On pense immanquablement aux romans de Lovecraft, où le récit à la première personne est omniprésent. Cal a des postures qui le rapprochent aussi d’un Dirty Harry. Froid et prompt à la gâchette avec la vermine. Le scénario a tout du polar noir, avec une spécificité que seule l’épouvante possède. A noter : une seconde histoire, très courte (8 planches), amène un fond supplémentaire à ce flic d’exception, en lui conférant un humanisme presqu’insoupçonnable. A l’évidence, Criminal Macabre n’est pas un comics ordinaire et il ne pourra plaire à tous. Mais son caractère particulier lui confère autant de valeur. On pourra toujours rétorquer que c’est de la série Z, mais il y aura toujours des lecteurs pour ce type de BD qui sort largement des sentiers battus.