L'histoire :
Joe Canelli est inspecteur de police dans une ville gangrénée par la pègre. Il est aujourd’hui sur une affaire d’importance : une livraison de dope a tourné au règlement de compte et parmi les nombreuses victimes, se trouve Zed en personne. Le plus curieux est qu’en temps normal ce gros bonnet de la distribution ne se chargeait jamais lui-même de surveiller ce type de deal. Le carnage n’est que le premier d’une longue série de flingages en règle, entre policiers et dealers. Joe sait pourtant que d’ordinaire, les deux parties ont des petits arrangements pour cohabiter sans empiéter sur leurs bizness respectifs. Houspillé par la presse sur cette enquête qui semble piétiner, Joe a également fort à faire avec sa propre conscience. En effet, il n’a plus aucun souvenir en amont d’un mystérieux évènement survenu dans son enfance. Or ces derniers temps, de fréquents cauchemars lui pourrissent ses nuits. Il se voit marchant sur une étroite passerelle métallique, obligé d’avancer vers une silhouette qu’il n’atteint jamais. Il décide alors de mener jusqu’aux limites de son intégrité cette enquête délicate et d’en profiter pour faire ressurgir ses vieux démons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Kickback est présenté comme étant le premier album 100% réalisé par l’anglais David Lloyd, le dessinateur du célèbre V pour Vendetta actuellement adapté au cinéma. Initialement publié en deux tomes, au format comics, l’enquête de Joe Canelli dans sa version française est concentrée en un seul petit recueil. Les fans de V pour Vendetta (meilleur album étranger à Angoulême en 1990), retrouveront avec plaisir le style propre au dessinateur. Son dessin réaliste peut pourtant être difficile à suivre, tant les encrages sont parfois pâteux et les cadrages disparates. Certes, ce style graphique accentue énormément les ambiances sordides d’une intrigue par ailleurs un peu fade. Hormis une longue séquence finale en huis clos, intense mais un peu clichée (l’attaque d’un manoir perché au bord d’une falaise), l’enquête en elle-même, menée par un héros moyennement attachant, est somme toute conventionnelle. Ce flic-monsieur-propre fait d’une pierre plein de coups : au terme de son aventure, le méchant véreux est mort, les mafiosos sont décimés et lui, a résolu ses soucis psychosomatiques en trouvant l’origine de son blocage. La morale de l’histoire ? Rien de tel qu’un bon vieux traumatisme juvénile pour se débarrasser de la corruption.