L'histoire :
Le 11 septembre 2001, Eddie Torres faisait son deuxième jour en tant qu’agent de change, au sein de l’entreprise de Fitzgerald Cantor, au 83e étage du World Trade Center. Son épouse Alissa est restée à la maison, enceinte de 7 mois et demi. Avertie par un coup de téléphone, elle allume sa télé et ne parvient pas à croire ce qu’elle voit. Elle tente d’attraper un taxi, mais le centre de Manhattan est bloqué à la circulation. Elle s’y rend donc à pied, apprenant les nouvelles via les télés ou les radios rencontrées au passage : un deuxième avion s’est écrasé sur la tour voisine, puis un autre sur le Pentagone. Elle croise une foule de travailleurs débauchant plus tôt que prévu, qui ne lui apprennent pas grand-chose. Elle arrive au moment où l’une des tours s’effondre. Cette première journée est un chaos généralisé. Dès le lendemain, Alissa tente de retrouver Eddie dans les hôpitaux de la ville. Des listings incomplets de disparus et de grands blessés sont progressivement établis… Elle se raccroche aux homonymes, elle s’imagine des tas d’issus favorables, elle écluse toutes les files d’attente… Ce n’est que le quatrième jour qu’elle commence à accepter la vérité. Elle finira par apprendre qu’Eddie a sauté du haut de la tour, comme des centaines d’autres. Dès lors, commence un éprouvant parcours pour faire reconnaître ses droits et toucher une indemnisation : leur fils est sur le point de naître…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Septembre en t’attenant est l’histoire authentique vécue par Alissa Torres, qui perdit son époux dans les attentats du 11 septembre. Il était jeune, il allait être papa, il venait de commencer un nouveau job la veille aux Twin Towers… Dans ce contexte, il parait insensé d’accepter la mort, particulièrement absurde et obscène… et ce fut pourtant le sort de milliers de familles. La trame de l’histoire emprunte une narration globalement chronologique, entrecoupée de souvenirs de l’homme aimé, qui permettent à l’auteur de rendre momentanément vie à son époux. Dès qu’il est au confronté au sujet, le lecteur est forcément attiré par le traumatisme majeur de l’effondrement des tours. Que faisait ce protagoniste central ce matin là, comment a-t-il vécu ces derniers instants, dans quel environnement se trouvait-il au moment précis où de l’effondrement, que reste t-il de lui ? Mais dès lors que le récit s’éloigne de l’évènement clé, de son caractère spectaculaire, de la résonnance qu’il a depuis acquis en chacun de nous, le cheminement psychologique de son épouse se fait confus et longuet. Pour elle, les semaines suivantes ont surtout ressemblé à une longue litanie de problèmes administratifs et humanitaires. Or l’album s’étale tout de même sur 213 pages ! La croix rouge et les assurances, la compassion qui devient harcèlement, le calvaire pour toucher l’indemnisation, l’apitoiement malsain des médias, les considérations vénales des proches… On comprend qu’il y a de quoi perdre tous ses repères sociaux et humains… et perdre le lecteur au passage. Car l’amoncellement exténuant des affres administratives et humaines, ainsi que l’aigreur de l’auteur vis-à-vis de son entourage, se révèlent pour le moins désagréables. Souvent le propos est mal identifié par des faits exposés sans analyse de fond et relevé par un dessin peu expressif. En effet, le trait de Sungyoon Choi ne brille pas vraiment par son originalité ou sa personnalité. Pour Alissa Torres, l’ouvrage participe bien entendu d’un processus de deuil nécessaire. Mais quant bien même l’émotion est papable par moment, le tiers lecteur conserve un sentiment mitigé…
