L'histoire :
Wilson est un quinquagénaire célibataire. Sans femme ni enfants, il mène une existence à la fois morne et médiocre dans une banlieue américaine très ordinaire. Il a décidé de faire le point. Déconnecté de la réalité, des autres et de soi-même, Wilson tente malgré tout d’entrer en contact avec ses congénères, en abordant des inconnus dans les bars ou en s’incrustant chez des amis. Puis son père décède. Il se lance alors un défi : reconquérir son ex-femme Pippi, seul être capable de percevoir sa beauté intérieure. Finalement, il la retrouve. Mais il découvre aussi qu’il est père d’une fille nommée Claire, insociable et rebelle à toute autorité. Désormais, Wilson s’est donné pour mission de refonder une famille…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la petite histoire, Wilson est le premier album de Dan Clowes à ne pas avoir été pré-publié (dans le jargon, « a direct-to-album") dans le comics Eightball, véritable chef d’œuvre de l’indé américain. Wilson marque une nouvelle étape dans le parcours déjà fécond de cet auteur génial. Pourtant, rien de vraiment neuf dans ce roman graphique. Car si Clowes s’éloigne de l’univers adolescent pour rejoindre celui des adultes, il ne trahit pourtant en rien ses thèmes favoris : la médiocrité ambiante et anesthésiante, l’aliénation, le vide de l’existence, le désenchantement… L’humour potache accompagne aussi le récit, ajoutant ainsi une touche de légèreté à cette esthétique de la déprime. Non, l’originalité de cet opus réside plutôt dans le traitement formel de l’histoire. En effet, l’auteur propose une narration fractionnée, à l’image d’un comic-strip très classique (Peanuts par exemple). Chaque page, avec son titre, raconte une petite histoire s’insérant dans la grande, le tout faisant preuve d’une grande cohérence. Car le risque aurait été d’y lire une simple succession de gags privée de fil directeur. Écueil évité, donc. Au final, aussi pessimistes que misanthropes, en plus d’être infiniment drôles, les livres de Clowes offrent toujours des histoires bien racontées, loin des bons sentiments. Et c’est là bien l’essentiel. Donc, si vous ne connaissez pas l’univers de Daniel Clowes, voici une excellente entrée en matière (on pourra lire aussi Ghost World ou David Boring). Pour les autres, un livre indispensable, comme d’habitude…