L'histoire :
12 janvier 1994 : visage dans la neige, balles dans les poumons, le bras, le cou, l’estomac… Percy Carey alias MF Grimm vient de perdre le combat… 17 ans plus tôt, le petit Percy joue les stars dans l’Upper West Side à Manhattan : il a un petit rôle dans 1 rue Sésame et tourne quelques pubs à l’occasion. Pourtant, la vraie star du quartier c’est plutôt sa mère, Minnie dont le sens de l’abnégation envers son prochain et l’art de donner des beignes forcent le respect. Percy grandit entre un beau-père attentif, des sœurs qui le bichonnent et influencent son style, une attirance pour la bagarre et le hip-hop qui commence à se frayer un chemin. Attiré par cette nouvelle forme d’expression, il choisit le micro et le crayon pour s’exprimer. La route est longue, parsemée d’embuches et la propension de Percy à s’attirer les ennuis, que ce soit à l’école ou dans la rue, complique les choses. Trois balles prises lors d’une rixe l’assagissent quelques temps : suffisamment pour qu’il se consacre un peu plus à son art, en compagnie de son pote King Sun, qui est sur le point de signer chez une major. Ce dernier lui apprend les rudiments du hip-hop et l’emmène en tournée dans l’Iowa puis en Californie. Petit à petit, Percy se fait une place dans le milieu. Il s’installe à L.A. où il écrit plusieurs tubes en sous-main dans une boîte de prod : argent à gogo, palace, yacht… et gangs avec lesquelles il doit compter, pour simplement rester en vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme il l’indique à la fin de l’ouvrage, Percy Carey n’a pas voulu faire de ce récit un hymne à la gloire de son parcours parsemé de mauvais plans, d’argent facile, de deals peu honorables, et vide des absences de ceux qui sont tombés à ces cotés. Magistralement mise en scène par le trait de Ronald Wimberly, qui se trouve à la jonction parfaite du 7e art et du pur produit comics américain, il s’agit plutôt de ne donner aucune leçon, mais de montrer simplement. Cette tranche de vie n’évite pas les clichés. Elle y saute même parfois à pieds joints, mais toujours sans s’attarder vraiment. Un écueil d’ailleurs évité par le balancement permanent du récit entre hip-hop et trafics, art et business peu glorieux, qui vraisemblablement composent la dualité du rappeur. S’ajoute à cette judicieuse alternance, une plongée dans un univers où l’adrénaline se mange au petit déjeuner et où la demi-mesure n’a pas encore réussie à se faire une place : un peu dans la veine des récits qui mettent en scène mafias de tous acabits. Le seul petit bémol reste la prudence avec laquelle Percy Carey gratte en surface uniquement (comme il le reconnait lui-même) pour éviter de nous démontrer qui tire réellement les ficelles dans ce milieu. Mais peu importe : le livre, loin de jouer la carte de l’apitoiement ou de chercher des excuses à son auteur, le sécurise sur son chemin de rédemption.