L'histoire :
Parallèlement au nôtre, existent deux mondes : Elysia, peuplé de créatures angéliques, élevées pour donner aux humains des conseils pleins de sagesse ; et Néfario, peuplé de créatures démoniaques, égocentrique et fougueuses, chargées d'apporter aux humains leur part de liberté et de spontanéité. A la naissance de chaque enfant, un ange et un démon sont ainsi associés à chacun d'entre nous, luttant en permanence pour nous attirer vers la stricte sagesse ou notre part de folie douce. Il en va ainsi le jour de la naissance de Théo, petit Californien complexé, qui va grandir sans se douter de la présence permanente à ses côtés de ses deux gardiens : Ange et Dev... Jusqu'à ce jour de ses 17 ans où, incompréhensiblement, il finit par entendre « réellement » les deux voix qui luttent dans sa tête...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ma lecture a été en permanence à l'image de cette histoire. Comme Théo, son héros, qui entend en permanence deux petites voix qui lui parlent, l'une le poussant vers le bien, l'autre vers le mal, j'ai tout au long de ma lecture été tiraillé entre deux petites voix contradictoires. D'un côté, une grosse voix démoniaque qui me faisait constater les imperfections du récit : dialogues manquant souvent de peps, narration un peu lourdingue, gags tombant trop souvent à plat et personnages un peu caricaturaux ; et de l'autre, une voix étonnamment gentille, qui me faisait apprécier la richesse et la générosité des ramifications de l'histoire, la foisonnante galerie de personnages et surtout, cette volonté de surprendre le lecteur par des choix narratifs audacieux. Bref, oui, c'est vrai, Michaël Turner a voulu aborder un thème louable : celui de la nécessité de préserver l'équilibre de l'univers et de la complémentarité des êtres par leurs différences... Il le fait avec un enthousiasme presque palpable et une envie d'en donner un maximum. Oui, c'est vrai, il n'est pas toujours à la hauteur des « hauts » défis qu'il se donne et pourtant, malgré toutes les imperfections recensées, la générosité et l'enthousiasme du scénariste nous gagnent. Ça ne marche pas à tous les coups, mais ici, ça a été le plus souvent le cas... alors autant le dire : on passe un bon moment. Pas un grand moment, mais un agréable moment en compagnie de compères qu'on se surprend à suivre jusqu'au bout de leurs très longues pérégrinations (l'album fait ses 240 pages)... Et ce, même si la fin peut dérouter par les chemins qu'elle emprunte et une naïveté assez désarmante. Qu'ajouter, sinon, que le dessin de Micah Gunnel, accompagne l'histoire, sans le talent graphique de Michael Turner, tout en en retrouvant quelques accents. Les fans ne seront donc pas dépaysés, tout en regrettant sans doute que Turner n'ait pu lui-même tout accomplir (l'album propose quelques dessins des héros réalisés par Turner lui-même, laissant imaginer ce qu'aurait pu être cet album avec un peu plus de nerf et des personnages un chouïa plus empathiques). Une ballade inattendue, imparfaite mais ludique. Et pas désagréable du tout.