parution 02 mai 2024  éditeur Delcourt  collection Outsider
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale / Independant / Roman graphique

Caricature

Des geeks et des freaks, des paumés sans ambition écrasés par la bêtise de leur époque : en neuf histoires cinglantes et lucides, la chronique désenchantée d'une Amérique qui vacille ou le ballet désespéré de vies sans amour...Brillant !


Caricature, comics chez Delcourt de Clowes
  • Notre note Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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©Delcourt édition 2024

L'histoire :

Neuf histoires d'une Amérique déjantée et malade, craquelant sous le poids de la médiocrité. Pour acteurs, losers, freaks, geeks, dépressifs et égarés du rêve américain, parfaits miroirs d'une psyché américaine nourrie de confort matérialiste. Dans Caricature, Mal Rosen, divorcé de 39 ans sans enfants, a décidé de se mettre à la caricature. Sauf que lui, sa singularité, c'est de dessiner les gens sous leur jour le plus laid...Et maintenant, c'est grâce à ça qu'il gagne sa vie. Alors oui, il ne fait pas (encore) fortune mais il savoure au moins sa liberté et sa revanche puisque, étant petit, Mal était du genre calme et gringalet, apprécié de ses camarades à l'école pour caricaturer les profs avec talent...Dans Eyeliner vert, il est question de Mona Beadle, 23 ans et plutôt jolie. Son ambition dans la vie, épouser un vieux type riche lorsque son héritage sera épuisé (encore deux ans) ou un flic puisque, selon elle, elle est née pour être veuve. Elle n'a pas de boulot, ne va pas à l'école mais une chose est sûre, elle ne s'ennuie jamais...Ce sont les autres qui l'ennuient. Eh oui, que voulez-vous, Mona est aussi misanthrope, et ça empire avec l'âge...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Jusqu'en 2024 et son Fauve d'Or pour Monica, Daniel Clowes était connu en France, mais surtout du lectorat des productions américaines indépendantes. Si on vous dit Fantagraphics et Eisner Award ayant aussi primé l'auteur il y a déjà plus de 10 ans, on vous fait d'emblée un résumé qui devrait se suffire à lui-même. Bien sûr, ce prix va lui donner certainement plus de visibilité auprès du grand public et Delcourt ne s'y trompe pas, en proposant une réédition (là où Rackham était passé par là en 2010) de neuf histoires publiées à l'origine aux US entre 1994 et 1998. Alors la première remarque qui s'impose est que l’œuvre de l'auteur peut d'ores et déjà être qualifiée d'intemporelle, parce que rien n'a bougé. C'est certainement dû au traitement graphique qu'il a mis au point, un mélange de caricature avec un encrage plus appliqué qu'il n'y parait au premier coup d’œil, pour une mise en page toujours très sobre. On trouvera d'ailleurs dans ce volume 3 histoires en couleurs et cela permet aussi de mesurer l'étendue du talent de l'auteur. Mais son intemporalité tient aussi à son écriture. Ici, neuf histoires sont compilées. Chacune d'entre elles brosse le portrait de gens tout à fait ordinaires. Qu'ils soient intelligents ou cons comme des paniers importe finalement assez peu. Ce qu'ils partagent, sans jamais se croiser, c'est d'être profondément désabusés sur leur sort. L'Amérique de Clowes, c'est celle qui ne tient pas les promesses d'Hollywood. Ce n'est jamais glauque, mais c'est la vie sans le strass ni les paillettes. Les leçons de vie que nous infligent les personnages, c'est que tout a certainement un sens, mais encore faut-il l'interroger... Les US citizens de Clowes, c'est la vraie vie des classes moyennes moyennement classes, comme disait l'autre...

voir la fiche officielle ISBN 9782413047735

  • Sa note Blue Star Blue Star Blue Star Blue Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Blue Star Blue Star Blue Star Blue Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

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Ce qu'un autre en pense sur la planète BD :

Alors que Daniel Clowes a reçu le prestigieux Eisner Award du meilleur roman graphique de l'année en 2011 pour son génial Wilson (éditions Cornélius), voici une réédition une œuvre de l'auteur, pas la plus connue mais l'une de ses meilleures néanmoins. Car Clowes est un des rares auteurs à développer une identité aussi forte. Dans Caricature, on rencontre les geeks paumés d'une Amérique vacillante et névrosée, sorte de portrait halluciné de freaks en train d'errer, dterriblement seuls et nourris de désespoir...La médiocrité, l'isolement, la laideur et l'absence de mouvement sont-ils la seule issue à ce monde? Est-on condamné à une vie d'autiste et d'anonyme, où l'incommunicabilité se dispute à la bêtise ? Avec ironie, humour et goût pour la satire grotesque, Clowes nous décrit des êtres inadaptés au réel, sans âme et sans vie, errant tels des fantômes au milieu d'une cage... Associant un propos d'une beauté et d'une tristesse infinies à un graphisme vintage d'une douceur merveilleuse mais figée, sorte d'hommage au comics des années 60 (Clowes caricature à peine l'Amérique en se réappropriant l'imagerie d'un âge d'or aujourd'hui dépassé, tout en détournant ses codes), l'auteur réussit un autre tour de force où il n'est surtout pas question de rendre hommage aux égarés du rêve américain et aux marginaux, mais davantage de pointer la solitude de nos existences et d'en souligner l'impasse. La voix-off, en retrait et refusant de participer au réel pour mieux le singer, privilégie l'introspection de personnages dissouts dans un monde déshumanisé, où l'étrangeté se conjugue à la nostalgie. Caricature fait d'ailleurs écho aux ultimes mots du roman de Bret Easton Ellis, American Psycho : no exit, sans issue. Intelligent, désespéré, d'une beauté et d'une puissance rares, ce recueil est une autre réussite de ce fabuleux auteur, qu'on ne saurait trop vous conseiller. A vrai dire, cette réédition vient nous rappeler s'il en était besoin, que Daniel Clowes est, avec Chris Ware et Charles Burns, ce qui se fait de mieux sur la scène indé US. Et depuis pas mal de temps déjà...