L'histoire :
Luna n'est pas une petite fille comme les autres. Elle fait partie du cirque itinérant du père la Ridule, son grand-père, et elle en est une des attractions. En effet, elle porte une barbe et en est particulièrement fière ! Un jour, alors qu'elle vient de s'acheter un plat de chimichanga chez le vendeur de tacos, elle croise une vielle femme. Cette dernière lui offre un drôle d’œuf en échange de quelques poils de menton. Peu après, une drôle de créature brise la carapace de l’œuf. Gigantesque et doté d'une force hors du commun, Luna le surnomme Chjimichanga. Les jours qui suivent, le monstre devient l'attraction principale du cirque, attisant la jalousie des autres acteurs. Pendant ce temps, la vieille femme s'est servie des poils de Luna pour créer une potion anti-flatulences. Ce composé est récupéré par une multinationale qui considère dès lors la petite fille comme une formidable source de revenus. Des émissaires sont donc envoyés pour kidnapper Luna. Pas sûr que sa fidèle créature soit du même avis...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis plus d'une dizaine d'années, Éric Powell roule sa bosse dans le monde des comics. Dessinateur, encreur et scénariste, il a œuvré sur de nombreuses séries comme Hellboy ou sur des récits de super héros chez Marvel. Puis il a lancé sa propre série, The Goon, qui a rencontré un succès bien mérité, avec un univers délirant mâtiné d'horreur. En parallèle de celle-ci, l'auteur a trouvé un peu de temps pour imaginer un conte mettant en scène une petite fille potelée, dont le visage est orné d'une barbe ! Comme on avait pu l'imaginer au travers de ses précédentes productions, Powell est en effet grand fan du monde du cirque et des phénomènes de foire. Chimichanga est un conte grand-public et touchant, pas très éloigné des créations de Tim Burton. On est rapidement happé par son atmosphère irréelle et subtile. Powell intègre à son histoire des thématiques fortes comme l'exclusion, l'amitié et même les excès du capitalisme. On s'amuse des fringales de Chimichanga, le nom que la petite Luna a donné au monstre, des arguments juridiques des avocats de l'homme d'affaires, de la capacité surhumaine de l'homme de 70 kilos qui a la force d'un individu de 75... Véritable ode à l'ouverture vers autrui, Chimichanga permet aussi à son auteur de laisser ses talents graphiques s'exprimer. Depuis l'album Chinatown de The Goon, Powell a trouvé une approche plus personnelle, à mi-chemin entre un trait cartoonesque et un style plus réaliste. Il parvient à intégrer beaucoup de poésie à ses planches, qui bénéficient de la colorisation d'un coloriste d'exception : Dave Stewart. Chimichanga est un formidable récit, tantôt amusant, tantôt émouvant, et toujours juste. Eric Powell frappe fort !