L'histoire :
San Francisco, 2052. Le monde n'a plus besoin d’ordinateurs, les grosses boites de Tech ont trouvé le moyen de brancher directement chaque individu au réseau. Les hommes sont en quelques sorte devenus des circuits imprimés. C'est assez logique, après tout, le cerveau est un disque dur et les yeux un écran. Dans la foulée, les voiles ont été mis sur le marché. Ils sont un filtre qui permet de voir le monde tel qu'on voudrait qu'il soit. Aux États-Unis, ça a commencé doucement mais tout a changé après la défaite de la guerre rouge. Désormais, c'est le premier marché mondial. Vous voulez vivre comme un grunge des années 90 ? Achetez un voile et tout le monde se retrouve en chemise à carreaux, cheveux dégueulasses et Doc Martins montantes. Vous voulez vivre l'enfer sur Terre ? Ça marche aussi, tout le monde sera un zombie. Vous voulez vivre dans un porno ? Sortez la monnaie et tout le monde aura envie de vous. Il y a des voiles pour tout. Certains bon marché, d'autres pour les élites économiques. Mais il y a aussi des voiles clandestins et illégaux, qui mettent en scène des environnements honteux. Sam Dunes est là pour faire la chasse à ce trafic...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On fait partie de ceux qui pensent que Scott Snyder n'est jamais aussi bon que sur ses propres récits et le début de Clear ne fait que nous conforter dans notre avis. En effet, dès les premières pages qui mettent en avant une société que nul n'a plus le courage de voir telle qu'elle est, on est happé par l'intrigue et l'univers SF qu'il nous présente. A tel point qu'on peut trouver un brin de similitude avec Blade Runner, à ceci près qu'il n'est pas question de clones humanoïdes qui ont modifié la vie des hommes, mais d'un procédé informatique, le voile, qui permet de créer une réalité virtuelle pour mieux éviter la confrontation avec le réel. Tout commence avec un suicide qui n'est peut-être pas si évident qu'il n'y parait et un personnage mystérieux, Sam Dunes, qui fait la chasse aux voiles interdits. Il faut dire que l'immersion dans cette société flippante à souhait est facilitée par l’extraordinaire beauté des graphismes, mais aussi des couleurs, de Francis Manapul. Le dessinateur Philippin est bien connu des fans de comics et désormais, il s'impose comme un des artistes à l'élégance supérieure. Voici donc un thriller SF qui tient toutes les promesses qu'on peut attendre d'un one shot, à la fin néanmoins ouverte : un contexte original, de l'action où spectacle et rebondissements sont au programme, une psychologie des personnages qui suscite la curiosité et un visuel qui vous accroche d'emblée. Tout est Clear, pour un « comics de divertissement », ça ressemble à un carton plein !