L'histoire :
Un soir qu'il traine dans un cinéma porno de bas étage, Clay Loudermilk croit reconnaître son ex-femme dans le rôle d'une dominatrice sado-masochiste. S'ensuit une enquête au cours de laquelle Clay va croiser des policiers détraqués, qui vont l’enlever, le battre méchamment dans un bois sombre, puis le marquer d'un étrange symbole, celle d’une secte conspirationniste dirigée par un tueur en série. Il va aussi faire connaissance d’une étrange jeune femme monstrueuse (extra-terrestre?) cornaquée par sa mère nymphomane, qui va tomber pourtant amoureuse de lui. Il fera ce qu'il peut pour comprendre et tenter d’échapper à ce cauchemar éveillé, mais a t-il seulement un libre arbitre dans cette aventure ? Personne dans cette ville quelque peu fantomatique ne semble pouvoir l’aider.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tenter de résumer cette aventure improbable est très compliqué. Daniel Clowes débarque en grandes pompes en France en 1999 avec deux titres instantanément cultes : Ghost World chez Vertige graphique, et Comme un gant de velours chez les jeunes éditions Cornélius. Ces 135 pages en noir et blanc ont paru initialement dans les dix premiers numéros de son fanzine Eightball, publiés entre août 1989 et février 1993. Il s'agit d'un de ses récits les plus tordus et malaisants, complètement imprégné de l'univers fantasmatique de David Lynch. Les amateurs pourront y trouver certaines réminiscence du Blue Velvet du réalisateur, sorti en 1986, même si l'on pense aussi bien évidemment à Eraserhead dans ses aspects monstrueux. Quant à la scène introductive, et d'autres utilisant les accessoires fétichistes sado maso, Quentin Tarantino s'en souviendra dans son Pulp fiction. Longue déambulation hallucinatoire, l'auteur y déroule une série de cauchemars issus des scénarios les plus glauques que l'on puisse trouver dans la culture Pulp ou SF des 30 dernières années précédant sa création, comme pour exorciser sa conscience. Sans cesse le mélange entre réalité d'un film de série B ou Z en train de se construire et fiction démentielle se confondent, donnant à l'histoire une tonalité unique, rarement égalée, sinon peut-être par son collègue Charles Burns. Couverture différente, issue de la réédition 2017 de Fantagraphics, cartonnage, et nouvelle traduction par Anne Capuron : cette « bibliothèque de Daniel Clowes » offre un nouvel écrin à un roman graphique culte, si ce terme veut encore dire quelque chose.