L'histoire :
Postignano, Italie, juillet 1937. L'Eglise de ce petit village est le théâtre d'une drôle de scène. Agenouillé, un homme vétu d'une robe de bure et dont la silhouette sombre se détache des dizaines de bougies auxquelles il fait face, s'adresse à l'effigie d'un immense dragon surplombé d'une couronne dorée et représenté au milieu d'un pentacle. L'homme demande au symbole inquiétant s'il lui parlera une nouvelle fois... C'est alors qu'un individu en uniforme militaire allemand pénètre dans le lieu sacré. Manifestement, il a reconnu l'homme d'église, qui l'éconduit pourtant, lui disant que ce jour, il n'a pas l'esprit à prêcher. Le nouvel arrivant est donc prié de respecter la solitude de l'homme d'église. Pourtant, le ressortissant germanique insiste, car il ne veut pas qu'il y ait méprise : il sait que celui qu'il dérange manifestement œuvre de longue date à la venue de Ragna Rok, qui marque le nouvel âge du Serpent. En revanche, il ne comprend pas comment Raspoutine, car c'est bien de lui dont il s'agit, est encore vivant, lui qui, aux yeux de tous, avait péri 10 ans auparavant, empoisonné, battu, fusillé puis noyé, à Saint-Pétersbourg...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Raspoutine de Mignola, c'est celui qui apparaît comme une ombre autour de Hellboy et qui vient enrichir l'univers des séries-dérivées qu'a désormais construit l'américain. On est donc bien d'accord : le fils des Enfers ne montrera pas le bout de son nez dans ce volume de mise en place mais ça n'empêche pas qu'on a un malin plaisir à suivre cette enquête dans les années d’avant-guerre, où le futur directeur du BPRD va prendre toute la lumière quand l'ombre est naturellement laissée au comploteur russe.C'est donc un jeune sujet de sa Majesté la Reine d'Angleterre, Trevor Buttenholm, qui nous confie ses mémoires à travers des prises de notes jamais révélées auparavant. Le rythme est trépidant, les voyages sont au rendez-vous, de l'Italie montagneuse au Paris occupé. Mike Mignola et son complice Chris Roberson s'amusent à truffer le récit de codes des romans d'aventure, avec de l'action en permanence et pour ainsi dire un rebondissement par scène. Sans oublier une dramaturgie qui emprunte à Poe ou à Lovecraft. Séances de spiritisme, monstres sortis du plus profond des enfers, on a même droit à une scène splendide dans les catacombes, digne des rêves des plus grand égyptologues ! Alors c'est encore la même formule que d'hab' avec Mignola ? Bah oui, mais ça continue à fonctionner, en donnant un beau spectacle, sacrément plaisant et bien ficelé !