L'histoire :
Si vous cherchez à croiser le regard de Rondel, vous plongerez le vôtre dans les abîmes infernaux qui filtrent de ses orbites creuses. L'individu est charpenté, vêtu de haillons et portant un haut de forme crasseux. D'aucuns disent qu'il n'est pas vraiment un homme... C'est un gueux mais aussi un colosse. Il est armé d'un immense hachoir, dont on prétend qu'il a été volé au Diable en personne. Et il suffit qu'il parle pour qu'on devine son instruction et sa ruse. Il détient bien des secrets et s'est illustré en pourfendant monstres et sorcières. Alors qu' il sort d'une forêt des Appalaches, il repère une habitation quand une flèche se plante à quelques centimètres de sa tête. Le Hillbilly brandit son hachoir et menace de répliquer. C'est alors qu'une silhouette malingre se découpe. C'est celle d'un vieux paysan. Le bougre a l'air épuisé et Rondel ne se trompe guère, ce manant n'est pas dangereux. Il se confie et ne demande qu'à être libéré d'un démon qui, chaque nuit, vient le hanter. Une créature maléfique à la queue fourchue. Tailypo, également appelée Tailybones, qui parle comme un homme et a soif de vengeance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eric Powell sera toujours associé à sa créature qui lui valut le succès, The Goon. Avec Hillbilly, il épouse le genre «Dark Fantasy». Véritable conteur, l'auteur campe son univers en quelques pages. Ses nouvelles fantastiques sont teintées d'un humour aussi noir que la magie qui anime bien des créatures . Comme toujours avec lui, le visuel est captivant. La couleur verte est souvent déclinée, elle laisse une impression prédominante qui renforce l'aspect étrange. Mais les réjouissances pour l’œil ne s'arrêtent pas là, l'auteur ayant poussé le délire à dessiner quelques pages en façon 3D. Un autre épisode est entièrement crayonné et c'est une merveille de graphisme ! L'atmosphère est féérique et à la fois inquiétante. Souvent, la morale est tournée en dérision. Le principe narratif est récurent. Le stéréotype fonctionne bien : les rencontres que fait Rondel l'amènent à parler d'étranges anecdotes ou parfois de lui. Ses amitiés éphémères, la fois où il a tué un dragon pour sauver des enfants, sa chasse au Tailypo, un gobelin épouvantable mais marrant : on le suit dans toutes les situations possibles, dont il se sort toujours avec flegme. Le Hillbilly d'Eric Powell est tout sauf révolutionnaire, mais il propose un divertissement totalement maîtrisé, remarquablement servi par un dessin de haute volée.