L'histoire :
Royale-Les-Eaux, France. Casino Royale. A trois heures du matin, l'odeur de fumée et de sueur propre aux casinos finit par être écœurante. Le mélange de cupidité, de peur et de tension lié au jeu devient insupportable. Les sens s'éveillent et se révoltent. James Bond sent la fatigue brusquement s'abattre sur lui. Toujours à l'écoute de son corps et son esprit, il connait ses limites et agit en conséquence. Il évite ainsi les erreurs dues à l'épuisement ou au manque de concentration. Dans un coin de sa tête, il imagine la réunion matinale du comité de direction du casino, le lendemain....
- «Le Chiffre a gagné deux millions de francs aujourd'hui, en jouant, comme d'habitude, au Baccara. L'anglais, Monsieur Bond, a augmenté ses gains de trois millions en deux jours, grâce à une martingale sur le rouge, à la table 5. Il mise gros et a de la chance. Il semble avoir les nerfs solides.» -
. Après avoir observé attentivement le personnel et son fonctionnement, Bond arrive à la conclusion que Le Chiffre ne tentera jamais de braquer le Casino. Dix hommes serient a minima nécessaires et il faudrait qu'ils tuent une ou deux personnes du casino. Or, on ne trouve jamais dix assassins qui savent garder un secret, ni en France, ni ailleurs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Matricule 007, MI6, Walther PPK, les belles voitures, des femmes somptueuses. Voilà ce qui colle à la peau du célébrissime personnage de Ian Fleming. Le cinéma n'y est pas pour rien, même si on est désormais très loin du Bond de pacotille qu'en avait fait Roger Moore, avec toute l'affection qu'on peut avoir pour l'acteur. Côté comics, c'est un peu pareil, si on se penche sur le nombre d'albums qui lui sont consacrés, il y a boire et à manger et de quoi remplir quelques larges rayonnages. Pour ce qui est de la collection consacrée par Delcourt, les albums jusque-là sortis étaient assez convaincants, si on oublie le précédent, plutôt faiblard. Mais désormais, elle abrite une perle rare avec ce Casino Royale. Van Jensen a en effet pris le parti de reprendre des extraits du texte original et c'est un boulot avec lequel il est à l'aise, lui qui est journaliste de formation et qui a bossé à la rubrique criminelle. Incontestablement, le scénariste «sent le texte». De plus, son expérience acquise chez DC lui permet aussi de maîtriser les codes narratifs. Alors on retrouve (enfin) le goût de l'original dans ce comic book. La tension, la froideur de Bond, ses raisonnements à la limite du cynisme et de la paranoïa, sa relation complexe aux femmes et bien sûr, le goût du jeu, tout cela, l'essence même du roman, est là. Tout comme dans l’œuvre originale, les décors sont également fondamentaux. Et quand on dit décor, on évoque plus exactement les théâtres d'action, qui jouent un rôle équivalent à celui de personnages car ils sont habités d'une ambiance qui participe à l'ensemble de la narration propre à Fleming. Dennis Calero délivre une prestation correcte, bien que quelques portraits ne soient pas vraiment réussis, mais il bénéficie d'une superbe colorisation exécutée par CrisO'Halloran, qui joue à merveille sur les contrastes et les nuances entre ombre et lumière. Pour conclure, cet album est une belle réussite et il ne pourra qu'emballer les fans puristes du double-zéro.