L'histoire :
A l’observatoire radio-astronomique de Mesa, au Nouveau-Mexique, le chercheur Argano compulse un énième relevé d’ondes venues de l’espace et se met aussitôt en émoi. Après analyse, son collègue Malley confirme qu’un signal bizarre a été intercepté : il s’agit d’une suite des nombres premiers, c'est-à-dire une suite qui ne peut avoir été émise que par une entité intelligente. Une foule de considérations se télescopent alors dans l’esprit des deux hommes : faut-il révéler cette information ? A qui ? Comment ? Ils sont obligés de mettre Cobbs, un troisième collègue, au courant, pour identifier l’origine du message. L’onde a été émise depuis une petite planète proche de l’étoile de Barnard, à 10 ans de la Terre, avec les moyens de transports actuels. Or, il se trouve que Cobbs est un agent soviétique infiltré ! Il fait aussitôt un rapport à ses supérieurs, mais Argano et Malley s’en aperçoivent… et ils le tuent. Quelques instants plus tard, la CIA apprend de leur taupe au KGB, que la taupe russe à Mesa a été tuée et que cela signifie qu’un secret a été débusqué. Ils mettent leur agent Bludd sur le coup, qui est également astrophysicien…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis qu’il en a les capacités techniques, l’homme s’est mis en quête de la vie extraterrestre. Des sondes Pionner ont été envoyées et des radiotélescopes scrutent en permanence le cosmos à l’affut du moindre signal qui sort de l’ordinaire. Comme dans le film Contact (avec Jody Foster), cet évènement (fictif) est à l’origine de cet Appel de l’espace, qui n’a néanmoins rien à voir avec le registre de la science-fiction. Des extraterrestres, nous n’en verrons en effet jamais la couleur, ni même la confirmation : Will Eisner s’amuse juste à mettre en scène l’avalanche de réactions que susciterait une telle nouvelle à travers les composantes de notre civilisation. Son récit verse alors plus volontiers dans l’espionnage frénétique et la géopolitique humoristique, sur un parfum doux-dingue de guerre froide aux ambiances vaudevillesques. Une secte apparaît, des tensions diplomatiques se créent, des scientifiques en profitent et un interminable (et répétitif) ballet d’espions négocie, se manipule, s’assassine, tergiverse… et finit par endormir le lecteur. 126 pages particulièrement verbeuses pour arriver à la démonstration de l’incapacité humaine à s’organiser face à une telle (r)évolution, c’est un peu beaucoup. Restent de bonnes idées, aussi bien techniques que politiques. Ainsi celle de la communication végétale permettant la transmission sur de grandes distances… Ou l’état totalitaire qui fait sécession d’avec la Terre pour « adhérer » à la planète Barnard ! Reste aussi et surtout le génie graphique de Wil Eisner, d’une aisance inouïe dans tous les compartiments du 9e art. En virtuose, Eisner s’amuse avec le découpage, les ombres et les masses de noir, les tronches caricaturées ou ultra détaillées en macro-plans… S’il y a un extraterrestre dans ce bouquin, c’est bien lui.