L'histoire :
Fortune City, Terre Apha. l'Homme-Libellule et son sidekick, le jeune Dard, sont prisonniers du four-miroir élaboré par l'ignoble et malfaisant Numéro Un. Les lasers tournent dangereusement autour d'eux, dans des cercles concentriques de plus en plus serrés. Les deux héros se demandent encore comment ce dingue narcissique prend autant de plaisir à faire le mal et le Dard commence à ne plus pouvoir soutenir la chaleur écrasante qui augmente de minute en minute. Heureusement, l'Homme-Libellule a encore un as dans sa manche et il arrive in extremis à se libérer du piège que Numéro Un imaginait comme mortel. Ce malfaisant vient de braquer le Musée municipal, pour remplacer toutes les œuvres par des portraits de lui. Parmi les pièces volées, se trouve un miroir magique, qu'il traverse en fuyant la bataille qu'il va perdre. L'Homme-Libellule le poursuit et traverse à son tour le miroir... Quelques instants après, alors que le Dard s'interroge sur ce qui vient de se produire, Numéro Un réapparaît, avec un look très différent : il est passé du dandy de mauvais goût au punk à la mèche décolorée et lorsqu'il voit le gamin costumé, il saisit un bout de verre cassé et effilé et l'enfonce intégralement dans le ventre du gosse ! Numéro 2, sa groupie, en reste sur le cul ! En vérité, il vient de la Terre Oméga et l'Homme-Libellule qui en revient est lui aussi sensiblement différent de celui qui a traversé ce miroir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette série cocréee par Tom Peyer et Jamal Igle,c'est un pastiche réussi du genre super-héroïque qui nous est proposé. Mais n'allez pas penser qu'on est là dans la caricature de bas étage, Tom Peyer n'étant pas le premier venu. S'il n'est pas non plus le plus connu des scénaristes, il a travaillé pour les deux big, a été éditeur chez Vertigo, ainsi que rédacteur adjoint du Sandman de Neil Gaiman. Voilà (rapido) pour son pédigrée. Alors, donc, dès la première planche, le ton est donné et il provoque de premiers ricanements moqueurs, pour qui aime les Supers tournés en ridicule : un tandem kitsch à souhait, avec des dialogues volontairement pompeux et des vilains vraiment débiles, rappelant furieusement au passage un Joker de pacotille entouré d'une bande de tocards qui évoquent la Suicide Squad. Immédiatement, le ressort de l'intrigue est actionné, avec un thème limite rabattu, celui du switch de personnages qui sont des doubles provenant de deux dimensions parallèles. Oui, c'est de l'archi déjà-vu, mais là aussi, c'est un délire second degré, qui va permettre de jouer en permanence sur les quiproquos parce que l'Homme-Libellule qui est swingué n'a rien du héros policé et sirupeux auquel il se substitue avec ce voyage dimensionnel (vous suivez ? ), c'est même un tueur implacable ! Alors c'est fun, souvent hilarant, ça se lit vite et bien (grâce aussi aux dessins impeccables), ça bouge donc ça ne traîne pas en longueur et c'est gavé de références. Bref, le cahier des charges d'un bon comics est bel et bien rempli. En bonus, deux petites histoires écrites par Paule Constant et dessinées par Gary Erskine, trop courtes pour amener du fond mais qui ne gâchent rien non plus. Un pur et bon divertissement.