L'histoire :
La jeune Zoey Redbird, porte la marque des vampires. Depuis quelques temps, maintenant, elle fréquente une étrange école où les cours ne commencent qu'à 20 heures et où elle apprend à maîtriser sa soif de sang et ses nouveaux pouvoirs, qui la lient magiquement aux cinq éléments. Sa tâche serait déjà énorme, si elle ne venait d'être désignée pour devenir la dirigeante des Filles de la Nuit, une fraternité étudiante qui règne sur l'école et dont l'ex-dirigeante, l'égotiste Aphrodite, vient d'être exclue. Zoey n'a jamais ambitionné occuper ce poste. Elle hésite devant la tâche, ne sait pas si elle a les capacités pour commander aux autres avec justesse, ni vers quoi elle souhaite orienter cette fraternité qui impose depuis toujours son mépris à tous les « novices ». Heureusement, elle peut compter sur sa bande d'amis pour l'aider à trouver des réponses à ses questionnements.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A priori, je ne fais pas partie du public visé par ce genre de récit. Les romans de la série La Maison de la Nuit créée par P.C. et Kristin Cast (mère et fille dans le civil) sont clairement destinés à des adolescentes, fans de la série Twilight, même si les deux romancières jouent davantage la carte sociologique que celle du romantisme ou de l'épouvante. Certes, on est plongé dans un monde où les vampires ont pignon sur rue. Mais on est plus encore immergé dans un monde d'ados. Un monde qui, en soi, n'est déjà pas facile à vivre quand tout va bien. Alors imaginez vos problèmes quotidiens démultipliés par cent, du fait que vous êtes une jeune vampire, obligée d'apprendre à maîtriser vos pouvoirs, et qu'au sein même du monde vampire, vous ne correspondez pas tout à fait aux critères habituels et que votre famille – très chrétienne – vous voit comme un « démon » qu'il faut chasser de la ville. Un terreau psycho-sociologique passionnant, que les deux romancières traitent de façon légère, parfois à la limite du gnangnan. Pourtant, force est de constater que la série tient la route, qu'elle offre des personnages addictifs et une bonne petite dose de plaisir coupable, due sans doute à l'investissement réel des auteurs dans la transposition de leur univers en bande dessinée. P.C. Cast l'avoue d'ailleurs dans la préface : elle a toujours été lectrice de comics et elle a abordé l'idée d'une transposition de ses romans avec un vrai respect et un vrai enthousiasme. A tel point, d'ailleurs, qu'au lieu de se contenter d'une pure adaptation des histoires originales, elle profite de la série BD pour développer des passages à peine effleurés dans ses livres, offrant un réel complément de lecture à ses fans. De courtes histoires, denses, bien dialoguées, bien rythmés et qui s'emparent de grands mythes de l'histoire (Cléopâtre, Circé, les Amazones...) pour en faire une relecture qui nous révèle un monde vampirique ancestral ayant toujours côtoyé le nôtre et provoqué l'inquiétude des humains, sans pour autant avoir l'intention de leur nuire. Le dessin de Kent Dalian n'est pas en reste, très « girly ». Il est juste dommage que toutes les jeunes filles ressemblent à des Bratz, un peu dédaigneuses et très fashion, même le groupe d'amies de Zoey, que les Filles de la Nuit considèrent pourtant comme des looseuses, alors qu'elles leur ressemblent en tous points. Un peu plus de différenciation entre les caractères aurait encore aidé à l'immersion dans le récit. Chaque mythe exploré bénéficie en outre de la contribution en guest d'un dessinateur différent, donnant une touche plus personnelle à chaque histoire (et là encore, il y a pas mal de talent au rendez-vous). Bref, un bon produit dérivé (ce qui est plutôt rare). Une jolie surprise qui, sans révolutionner la bande dessinée, devrait combler les fans des romans et convaincre les lecteurs de la BD de s'intéresser aux livres de P.C. et Kristin Cast.