L'histoire :
Au commencement Dieu s'est senti seul. Alors il a créé des êtres humains pour lui tenir compagnie et il a appelé ses nouveaux amis Adam et Eve. Bien sûr, il ne voulait pas qu'ils voient en lui un simple ami. La moindre des choses, c'était qu'ils le vénèrent et le redoutent à la fois. Avouons que c'était pas très fin de sa part, mais nul n'est parfait. Et puis le pardon est divin, non ? Bref, après, il les mit à l'épreuve avec l'Arbre de la Vie. Deuxième couillonnade, à mon humble avis. Parce que tenter quelqu'un et attendre de lui qu'il ne cède pas, y'a bien que Dieu qui puisse penser qu'il y a une chance pour que ça puisse marcher. Bon, on connaît la suite, hop, sur le coup de la déception, il expédie ses créations sur Terre. Faut pas dèc', quand on enfreint une règle, y'a punition. Et ça va de mal en pis quand il observe les humains. Brutaux, cupides, destructeurs... Et puis le temps passe et il a un fils unique. Jusqu'au jour où Jésus veut reprendre les affaires familiales. Et JC, c'est pas son père. Il est peace. Bon, on sait aussi comment ça a finit pour lui, au bout de 33 ans à peine. Franchement le pater s'est mis en rogne quand il a vu son rejeton crucifié et il lui en veut aussi : JC, c'est un idéaliste avec la racaille. Il n'a pas la méthode. Alors plus personne ne revoit Jésus car Papa lui interdit de revenir sur Terre, malgré un petit come-back pour pas trop être sévère non plus. Et voici Père et fils qui tapent la causette en jetant un œil sur la planète bleue. Et là c'est la grosse surprise, un type, Sunstar, a des pouvoirs extraordinaires et passe son temps à sauver les innocents. Alors le gros barbu s'adresse à son p’tit barbu : « Fils, mate ce gars ! Faut qu'on cause... »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Second Coming débarque en France et la génèse (si on ose dire) de la série est en elle-même intéressante, puisqu'avant que quiconque n'ait pu lire Le retour du Messie aux States, une pétition a réuni plus de 100 000 signatures intimant DC/Vertigo de renoncer à sa publication. Le gros éditeur voyant arriver des embrouilles encore plus grosses que son siège social, il trouve un arrangement plus ou moins amiable avec Mark Russel pour finalement avorter la sortie (pardon pour le terme, mais c'est quand même paradoxal quand on cède aux cathos intégristes). Qu'à cela ne tienne, Ahoy Comics prend les risques que la Dégonflée Concurrence a refusés et voici donc l'attendue VF chez Delcourt. On se permettra aussi de souligner le drôle de parcours de Mark Russel, déjà auteur de pamphlets ayant pour thème la religion, avant qu'il ne travaille pour l'industrie des comics à compter de 2015. Et depuis, il est systématiquement nominé aux Eisner ou primé par ailleurs, entre sa première série, Prez, qui décrit l'élection à la Maison Blanche d'un ado et les Flintstones, dont il finit par réinterpréter le personnage principal pour en faire un gothique gay vivant à N-Y en 1950 ! Alors qu'est-ce qu'il vaut, ce Verset 1 ? Une petite bénédiction, serait-on tenté de vous répondre, tant on a ri, alors que le propos de l'auteur - dont il s'explique en postface - est loin d'être idiot ou de se limiter à une pure provoc' dont Garth Ennis reste le maître. Ok, c'est irrévérencieux, mais après tout, on devrait être fiers de pouvoir rire d'un Dieu sans risquer un contrat ad vitam æternam sur sa tronche ou voir une rédaction assassinée... Alors on a pris le parti de rien vous dire d'autre que ce nouveau blasphème : allez chez votre libraire préféré.e et cédez à la tentation. Amen !