L'histoire :
La vérité d'un récit tient à la manière dont il est raconté. Aux mots qu'emploie un père quand il le dit à son fils, afin qu'à son tour, il puisse plus tard, le transmettre au sien... et ainsi, le conte devient vérité... et la vérité devient légende. Alors il était une fois une improbable bande de héros, un groupe de bric et de broc, composé d'hommes et de femmes nantis d'armes improvisées. Ils n'avaient pas choisi ce combat. Ils le livrèrent parce qu'ils n'avaient pas eu le choix. Mais ce jour-là, ils ne purent rien faire. En face d'eux, se dressaient des guerriers inhumains. Des monstres qui auraient dû tous les exterminer si un chevalier à la cape pourpre n'était pas venu à leur secours, semant la panique et la mort auprès de ces horribles choses qui semblaient ne pas pouvoir être tuées. Owan, un jeune et valeureux garçon, reconnut alors son Roi. Le Seigneur Valon était de retour sur ses terres, armé de sa légendaire épée, Pacificatrice. Descendant de sa monture, celui qui venait de sauver la bande de gueux déclara que les terres qu'il arpentait lui semblaient en effet familières, mais que ses souvenirs étaient embrumés. Le Roi Valon, que l'on crut mort, quitta alors son heaume et les pauvres hères furent effrayés par ce qu'ils virent : son visage était devenu méconnaissable. Pire, son apparence n'était plus humaine. Le jeune Owan, malgré la frayeur causée par cette vision, dit au Roi que sa bien aimée avait disparu à la nouvelle de sa mort et que les ténèbres tombèrent sur la contrée, que les arbres séchèrent et les récoltes pourrirent, tandis que d'ignobles créatures infestèrent les lieux. Plus rien n'était comme avant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus la créature maudite née de l’imagination de Todd McFarlane et les lecteurs des productions Top Cow se souviennent également de Witchblade, ce bras métallique orné de gemmes, qui confère à celle qui le porte un pouvoir incommensurable. Cet artefact, que seule une femme peut arborer, est souvent associé à Marc Silvestri seul mais c'est une erreur, celui-ci étant co-créateur avec feu Michael Turner, David Wolh et... Brian Haberlin, dessinateur qui a toujours favorisé la technique digitale et qui peut se targuer d'avoir aussi amené sa pierre à la malédiction du Hellspawn. Ce n'est donc pas un hasard si toute la team, y compris Geirrod Van Dyke, extraordinaire dessinateur à qui on a ici confié la couleur, est plus que familiarisée avec les deux personnages du titre. Si on se réfère encore au passé, ce n'est pas le premier crossover «médiéval», Garth Ennis et Brandon Peterson ayant signé une histoire en trois chapitres (pas fameux par ailleurs), édités chez nous par Semic en 1996. Quoi qu'il en soit, c'est une version musclée et épique qui nous est présentée cette fois-ci. Rien de bien sorcier dans le scénario, malgré beaucoup de sorcellerie et de magie noire, mais cette recette qui joue sur les stéréotypes du genre médiéval fantastique, à défaut d'être originale, a le mérite d'être divertissante. C'est donc sans déplaisir qu'on se laisse embarquer dans ce conte sanglant, même si son déroulé s'avère assez linéaire, une fois le décor planté et les personnages introduits. Pas de quoi crier au chef d’œuvre, ni au scandale car il faut l'avouer, on est au delà du fan-service et ce one shot séduira certainement ceux qui ne sont pas familiarisés avec les série-mères des personnages. Côté visuel, Brian Haberlin a encore affiné sa technique, au point où on a le sentiment que ses dessins colleraient parfaitement à un jeu vidéo. Le visuel est donc assez clivant, selon que vous soyez «de la vieille école» ou bien open au digi-style. Enfin, une application pour mobiles (élaborée par le studio de Brian Haberlin) pourra venir compléter l'expérience de lecture et là, franchement, on se contentera de vous dire qu'elle existe... et que pour le coup, les aventures médiévales de ce Hellspawn et de cette nouvelle Witchblade sur papier se suffisent à elle-même ! En selle, damoiseaux, préparez vos braves destriers et allons combattre l’innommable !