L'histoire :
Monica a été élevée par une mère hippie, Penny, dans les années 1960, voguant de petit ami en petit ami. Aujourd’hui devenue femme mure, elle essaie de recoller les morceaux et de retrouver à la fois sa mère et son vrai père, qu’elle n’a jamais connu.
Dans the Glow Infernal, William revient dans son village, et le reconnaît à peine. Amené malgré lui dans un dédale infernal, pris au piège par une secte luttant contre une entité extraterrestre maléfique, il finira sacrifié, du moins le croit-on, tel l’anti héros du film britannique The Wicked Man (1970).
Demonica aborde les délires psychotiques de Monica jeune adulte, forcée d’aller se réfugier dans la petite maison de bord de mer de ses grands parents décédés, qui est en vente, afin d’échapper à son oncle et sa tante ayant hérité de la maison familiale. Son délire commence avec la voix de son grand-père, qu’elle entendra dans le vieux poste de radio laissé dans la chambre, avant que son départ ne se termine en trou noir.
The Incident se développe dés lors comme une transition de cauchemar, car Success revient sur la suite de sa vie, où Monica essaie de faire bonne figure, tentant de mener une vie de femme mure ayant réussi, en reprenant la boutique de bougies de sa mère, pour laquelle elle a eu une offre intéressante. Cependant rien n’y fait, son désarroi et sa quête emplissent sa vie.
S’ouvre alors un chemin pour elle : The Opening, une secte que des amis lui ont indiqué, où sa mère ou son père seraient présents. Un piège va néanmoins se refermer sur elle.
Dans le dernier chapitre, dans lequel Monica parvient à s’extraire de l’enfer, une sérénité retrouvée semble perler. A moins que...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qui est Monica ? « Tout ce que nous avons aimé est enseveli, détruit, disparu à jamais ». Sur cette citation du petit ami de l’époque de Penny, combattant au Vietnam, Daniel Clowes conclut son premier chapitre et débute en même temps son récit. Il en profite, sur deux pages – dans un cadre de récit de guerre inhabituel dans sa bibliographie – pour rendre hommage à des amis disparus. Une première interconnexion avec la suite du récit, qui va tremper tout du long dans ces années 1970 un peu étranges que l’auteur a bien connues, où beaucoup de gens se cherchent ou se perdent, dans des conflits lointains, dans des voyages personnels psychédéliques ou bien encore d’autres plus personnels et ésotériques. Le passage de la secte, le plus long, décrit par le menu une expérience dramatique et désastreuse vécue de l’intérieur. Tout devient alors plus clair pour le lecteur. Jamais Daniel Clowes n’avait été aussi précis dans cette description de faits, qui ont, cela ne fait quasiment aucun doute, marqué sa propre vie. La force de ce nouveau récit tient donc autant dans sa présentation en chapitres interconnectés et non chronologiques, parsemés de scènes fantasmées ou apportant de l’eau au moulin de croyances sectaires (le côté horreur/fantastique le plus prégnant du récit), qu’à son dessin maîtrisé, toujours aussi personnel et si « Pop », qu’au sujet abordé, que personne n’aurait pu imaginer au départ. Il faut au moins deux bonnes lectures pour pénétrer les arcanes de ce récit étrange, que les amateurs de Daniel Clowes adoreront, tandis qu’un profane pourra trouver cela trèèèèèès bizarre. Une œuvre culte, peut-être la meilleure à ce jour de l’auteur. Comme quoi.
