L'histoire :
Davis bosse dans un commissariat. Mais il ne porte pas l'uniforme et on ne lui confie pas d'enquête. Il est un de ces fonctionnaires qui grattent le papier. Il n'a jamais réussi à passer le concours de la Magistrature, alors cela fait plus de 15 ans qu'il subit les railleries quotidiennes des flics du commissariat. Son physique rondouillard et son tempérament effacé s'y prêtent bien. Et d'ailleurs, ce matin, ça commence fort, quand une prostituée et son client sont embarqués puis interrogés. « Un plan facile pour toi, Davis ! ». Mais quelques minutes plus tard, plus personne ne rit : une voiture se gare en trombe devant le commissariat, faisant hurler les pneus. Un flic en sort et court à toutes jambes pour alerter Davis : sa femme et ses deux gamins viennent d'avoir un accident de la circulation gravissime : ce qu'il reste de la voiture ressemble à un pot de yaourt écrasé... Heureusement sa fille survivra, mais le trauma vécu par Davis va avoir un terrible revers. D'autant qu'il se sent totalement libéré par la mort d'une épouse qu'il n'aimait plus depuis longtemps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ed Piskor fait partie de ces nombreux auteurs indés qui ont décroché un contrat avec une Major. Après un run chez Marvel (X-Men : Grand Design), entre deux projets et durant un confinement, il ressort de ses cartons une histoire terrifiante qu'il avait commencée à imaginer, sans jusque-là lui donner une forme précise. Autant planter le décor d'emblée. Un décor des plus macabres, puisque le sujet tourne autour du Dark Net et en particulier de programmes qui mettent en scène des crimes abominables. On croisera quelques « Monsieur tout le monde » qui, en réalité, sont d'infâmes tueurs sadiques et une tripotée de tarés qui gèrent les sites occultes abritant ces vidéos et se livrent une guerre sans merci pour l'audience, donc pour les bitcoins. Et puis dans la seconde moitié, on découvre un programmeur surdoué qui a inventé un code incrackable, celui dont les fumiers du Dark Net se servent et avec lui le FBI qui se mord les doigts de ne pas pouvoir coffrer les criminels en ligne... Et au milieu de tout ce beau monde, des dizaines de victimes. Écorchées, étripées, éviscérées, écartelées, on ne peut pas vous faire une liste exhaustive mais si vous pensez au pire, vous en aurez certainement une vision ici. Alors quel intérêt ? Sur le fond, assez peu car somme toute, on parle ici du pire de la condition humaine. Et pourtant, dans la forme, le procédé de l'auteur est assez habile, car il place le lecteur dans une situation de voyeur, ce qui est particulièrement malaisant, comme on dit de nos jours... Il adopte un noir et blanc brut, résolument indé, qui évoque Eric Talbot ou encore Tim Vigil. Alors si vous êtes fans de gore, c'est sûr, ce livre vous plaira. A défaut, il pourra tout de même vous surprendre par sa qualité, comme cela a été le cas pour nous, même si l'on pense que trois volumes, ça risque d'être un peu lourd à digérer...
