L'histoire :
A New York, un tueur en série surnommé Henri VIII par la presse, multiplie les victimes. Le point commun entre toutes, est que chaque corps est décapité et les têtes demeurent introuvables. L’un des inspecteurs en charge de ce dossier, qui piétine sérieusement, est Adam Kamen. Il subit dernièrement un passage à vide depuis que son divorce a été prononcé. Averti qu’un homme a pris en otage plusieurs personnes chez un psychologue, il s’y rend aussitôt. En arrivant, Adam aprçoit l’individu avec un bébé dans ses bras, et un tournevis dans l’autre main. L’inspecteur remarque également que plusieurs personnes ont eu le crâne perforé par l’outil. Il essaie de convaincre le désaxé de relâcher l’enfant, et se retrouve avec le tournevis planté dans le crâne… A son réveil à l’hôpital, Adam apprend qu’il a une lésion au cerveau, qu'on pourrait comparer à une trépanation. Partiellement remis de cette blessure, il est suivi par une psychologue et reprend le travail quelques jours plus tard. Mais sa perception du réel, de ce qui l’entoure est altérée. Adam compte exploiter ses vertiges – ou ses visions ! – afin d’avancer dans l’affaire Henri VIII. Ses collègues et ses proches ont toutefois l’impression de le voir plonger dans une certaine folie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié en 2010 aux Etats-Unis, Zone 10 est le troisième album à sortir dans la collection Dark Night. Après les meurtres rituels du Frisson et les dérives du monde de la nuit dans Sale fric, ce roman graphique raconte les déboires d’Adam Kamen, un inspecteur de police new-yorkais victime d'une liaison au cerveau lors d'une intervention. Dès lors, il commence à percevoir autrement notre réalité… Le pitch de Christos N. Gage, un scénariste de comics prolifique ces dernières années, est accrocheur. Originale, la thématique choisie de la trépanation s’insère idéalement dans l’histoire et rappelle Homunculus, une série de mangas d’Hideo Yamamoto. La mécanique narrative est bien huilée et le suspens prend aux tripes. Les moments où le héros a ses visions amènent progressivement à s’interroger sur sa santé mentale. Est-il fou ? A-t-il des dons ? Qui est le tueur en série ? Les interrogations sont nombreuses et le scénariste jongle habilement avec les rebondissements pour entretenir l’attention. La paranoïa se fait plus pressante au fil des pages et amène un sentiment d’oppression et de violence adéquat. Au dessin, Chris Samnee s’était fait remarqué sur le très bon Capote in Kansas. Depuis, il n’a cessé d’enchaîner les prestations de bonne facture. C'est une fois encore le cas avec Zone 10, qui montre un encrage soigné et réaliste impressionnant. Au final, ce nouveau polar est bigrement convaincant et devrait parfaitement remplir son office auprès des amateurs du genre.