L'histoire :
Après les évènements s'étant déroulés dans la zone du fugitif Rax, la plupart des membres de Copra ont pu rejoindre leur dimension sur terre. Là, tous en profitent pour se reconstruire et régler des conflits personnels. Cela va être l'objet d'une sorte d'introspection vengeresse pour Lloyd, énervé d'avoir manqué l'ancien coéquipier impliqué dans la mort de son fils, et dont les poignets mitrailleuses vont servir à régler un chantage mafieux ; Patrick "wir" Dale, le bon fils de famille, qui, même sans son armure géante va dévoiler son double psychotique; Gracie(lla), la belle hispano aux prouesses de combat aériennes, dont la lutte contre un cartel local de drogue cache sans doute un secret profond ; Guthie, sorte de Phénix aux pouvoirs de force tellurique, cependant laissée pour morte dans la zone ; RAX et son armure invisible, s'activant quand elle le veut, incarcéré dans une prison de la zone et qui va apprendre à perdre, et Xenia, se questionnant sur son pouvoir deique, devant admettre que son ami Vincent, bloqué dans une autre dimension, n'est plus l'homme qu'elle a aimé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le principe du chapitrage par personnage est assez répandu dans la culture comics et bienvenu ici. Très agréablement présenté avec une case légendée introductive, il permet de mieux connaître chacun d'entre eux et met parfaitement en valeur le style graphique de l'auteur. Celui-ci, rappelons le, est absolument incroyable, proposant des agencement de cases de toutes formes, faisant à elles seules l'attrait du comics. L'inventivité esthétique de Michel Fiffe est telle que le lecteur est happé par ces formes et les couleurs douces associées, réalisées au crayon, donnant un cadre protecteur aux textes, guidant la lecture de la meilleure façon qui soit. Dans un récit qui pourrait paraître complexe à lire à première vue, le découpage – jusqu'au titre lui-même de chaque chapitre – est tellement bien pensé et rendu que la lecture reste fluide. Michel Fiffe a absorbé les codes de la narration graphique des plus grands, que ce soit Will Eisner, Frank Miller, Scott Mc Cloud, Chris Ware ou Micheluzzi, pour n'en citer que quelques-uns, insufflant au passage une poésie narrative et esthétique toute personnelle imposant le respect, même si on ne peut s'empêcher de penser un peu à son voisin canadien Matt Kindt. Copra s'adressera donc à bien des publics différents, mais en tous cas à des lecteurs exigeants, esthètes et enthousiastes. Plutôt pas mal comme référence, non ? Encore une réussite et un beau comics tout en nerfs que l'on aura envie de garder précieusement et de faire découvrir, comme une perle rare.