L'histoire :
« Elle » est une femme rousse, la trentaine passée, travaillant comme vendeuse VRP pour Cardinal Pharma, une grosse boîte russe fabriquant des médicaments. Elle parcourt les routes autour de Saint-Pétersbourg, essayant de placer ce produit efficace contre les cas de grande schizophrénie, tout en recherchant des informations. Découvrir « qui ». Qui a tué sauvagement son père, alors qu'il était tranquillement chez lui dans son bureau et elle, lovée dans un fauteuil dans la même pièce, en train de lire. Le serial killer vers lequel sa dernière piste l’amène va sans doute lui apporter un élément de réponse. Mais est-elle sure d'être en possession de toute sa santé mentale ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Delirium nous font un beau cadeau avec la présentation des trois épisodes d’une des récentes collaborations de l'excellent scénariste Matt Kindt avec un dessinateur talentueux peu connu dans l'Hexagone, mais impressionnant à plus d'un titre : Matt Liesnewski. Ce quadragénaire publiant depuis maintenant dix ans est déjà l'auteur de séries remarquées, telles son Freak, autopublié en 2018, ou ce Crimson Flower, publié en 2021 chez Dark Horse, tout comme Static, que Delirium nous proposera bientôt. La couverture de ce recueil annonce plus ou moins la couleur, avec un dessin mêlant les codes de la Fantasy et du roman graphique plus alternatif, pouvant évoquer dans le hachures du trait, ou les exagérations des postures et des veines, les styles d'Howard Cruze, Peter Bagge, voire Derf Backferf. Les couleurs de Bill Crabtree rajoutent la touche finale succulente. La surprise vient plus franchement avec le ton à la fois réaliste et désenchanté de la narratrice héroïne, engluée dans une mission dont elle n'est que l'exécutante, et addictive à des produits pharmaceutiques forts. Rapidement, les scènes de violence s'immiscent dans le récit, dans une atmosphère fantastique où les humains sont vus comme de vrais monstres, permettant l'exagération à outrance des actions. Lorsque l'on y réfléchit, la mission de vengeance de Rodion, la belle et forte rousse surnommé Fleur pourpre, n'est pas bien plus originale que d'autres récits déjà lus dans d'autres comics, mais sa force réside dans l'approche déglinguée de cette anti héroïne, que le dessin de Matt Liesnewski rend parfaitement et à 200%. Ces trois épisodes ne faisant qu'une histoire vous happent pour ne plus vous lâcher, opérant ce que peu arrivent à réaliser : créer le besoin ! Ça tombe bien, Délirium suit l’affaire de prêt !
