L'histoire :
Kim et Augustus sont deux jeunes, amoureux l'un de l'autre, que leur différence a obligé à fuir de chez eux. Ils sont en effet atteints d'une sorte de mal ou de pouvoir fascinant, transformant, sous le coup des émotions leur corps de manière anarchique, surnaturelle et monstrueuse. Lors de leurs retrouvailles et d'une relation sexuelle assez torride, tous deux vivent une expérience particulièrement traumatisante... Pendant ce temps, embauchée comme visagiste dans un club, elle se confie à sa collègue Diana, qui devient son amie. Combien de temps cela pourra-t-il durer cependant ? Car Kim va commencer à ressentir d'étranges sensations...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On rentre dans Panorama de manière violente, abrupte, mais cela doit sans doute nous préparer aux scènes qui vont suivre, n'ayant rien à envier aux récits les plus gores. Et c'est le dessin noir et blanc au trait de Michel Fiffe qui fait heureusement toute la différence, surtout avec le support du beau papier Crème utilisé par Delirium, permettant plutôt de replacer son univers dans celui du comics alternatif que dans une débauche de pis allers sans fond. D’ailleurs, le jusqu'au boutisme des relations amoureuses entre les protagonistes, leur jeune âge, la présence de musique rock, par le biais des K7 compilation faites par Augustus à Kim, renverra implicitement au comics culte Love and Rockets des frères Hernandez, que l'auteur reconnaît comme une influence, parmi d'autres artistes tels que Frank Miller, Steve Ditko ou Walter Simonson. De ces derniers on repèrera le goût de la vitalité du trait, et la prédominance des personnages aux caractères exacerbés, sans oublier un encrage nerveux et fou sur certains aspects, pouvant aussi évoquer le travail fantastique d'Ashley Wood. Panorama est intriguant, séduisant, bouleversant et va surtout au bout de son propos, au style très William Burroughsien, laissant le lecteur, après une série de rebondissements rocambolesques, dans la réflexion d'une fin magistrale. Du grand œuvre, organique, habité, que l'on réservera cela dit aux âmes bien accrochées. L'éditeur nous annonce la parution prochaine de l'autre œuvre reconnue de l'auteur, davantage baignée dans l'univers des comics super-héros, même si totalement alternatif : Copra. On a hâte, car Michel Fiffe n'est pas un auteur comme les autres.