L'histoire :
Alison Bechtel fait du sport. Beaucoup de sport. Beaucoup de sportS. C’est une seconde nature, même si elle ne se considère pas comme une athlète, ni comme douée en sports. Le sport fait simplement partie de sa vie. Elle se demande comment c’est possible, et si elle ne serait pas tout simplement un produit de sa génération. Elle va alors convoquer sa propre histoire, depuis sa naissance, pour chercher les influences qui l’ont poussée vers des sports quelquefois violents, quelquefois inutiles ou farfelus. En même temps, elle convoque les grands anciens pour comparer leurs pulsions sportives et leur relation à leur corps. Kerouac, et plus loin, les romantiques et transcendantalistes, Wordsworth, Coleridge, Thoreau, Emerson, mais surtout Margaret Fuller qu’elle prend pour modèle à plusieurs reprises. La relation à son corps, à son esprit, à la nature, mais finalement et surtout aux autres lui pose question, de ses parents jusqu’à ses amours, en passant par des périodes d’abstinence et d’évitement des autres.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la lecture des premières pages, on tremble. Un énième album de nombriliste qui va nous vendre la recette du bonheur vert et sportif, avec de la méditation qui va changer notre vie et si on ne le fait pas, on sera un moins que rien. Ça part mal, très mal, car Alison Bechtel pose les bases d’une BD coach de vie. L’évocation des romantiques anglais et américains, de leur intérêt pour la marche et les transes que procure l’effort rassure un peu, et heureusement. Car le propos de Bechdel va se focaliser sur elle, sa relation à elle-même et aux autres. Nourrie de philosophie occidentale puis orientale, de réflexions littéraires, Alison Bechdel nous parle de ses réussites et de ses échecs comme une construction de son être, sa recherche de la transcendance comme une tentative inconsciente d’éviter les relations sociales. Les arnaques dans lesquelles elle tombe et les bonnes surprises qui arrivent sans prévenir. Elle regarde son parcours sans concession, souvent avec humour. Elle rit parfois de son personnage, tout en finesse. Finalement, l’album est complexe, mais agréable à lire, fin et cultivé. Le trait fin et les couleurs à l’eau parachèvent le côté autobiographique de l’œuvre. Certaines planches sont agréables à regarder.