L'histoire :
Tamara Drewe travaille et fabrique l’opinion publique dans la presse people. Belle, mince et élancée, elle ressemble à une Vénus callipyge tout droit sortie d’un musée florentin. Deux traits la caractérisent au plus haut point : sa soif de célébrité et sa propension à briser les cœurs en deux temps trois mouvements. Icône moderne et urbaine, elle décide pourtant de revenir vivre dans le village endormi de Stonefield, village rural où a vécu sa mère. Là-bas, elle rencontre une petite communauté d’intellectuels frustrés, d’écrivains ratés et de teenagers nourris au lait de la presse trash. Dans ce village, Beth tient une résidence d’écrivains. Parmi eux, un universitaire en panne d’inspiration tente malgré tout de donner vie à son nouveau roman. Mais son entreprise est vouée à l’échec, tant la concurrence est rude : dans la même résidence, vit Nicholas, le mari de Beth. Or, il est un écrivain à succès doublé d’un serial-lover. Telle une éruption volcanique, l’arrivée de Tamara va tout bouleverser. La journaliste affole ce coin tranquille en déchaînant passions silencieuses, haines et jalousies. Beauté pyromane, elle va irradier cette petite campagne de son aura et semer les graines d’une véritable tragi-comédie, à la fois cruelle et absurde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Preuve de la reconnaissance acquise par le 9e art, c’est désormais le cinéma qui s’attache de plus en plus à adapter en films les scénarii BD. Et qui d’autre que Stephen Frears (anglais, comme Posy Simmonds) pouvait faire de Tamara Drewe, nymphe au fessier rebondi et au nez refait, une héroïne du 7e art ? A l’occasion de la sortie du film, l’éditeur Denoël en profite pour rééditer la BD éponyme. En vedette : Tamara Drewe, jeune et jolie journaliste, décidant de s’installer à Stonefield, dans la campagne anglaise. Pour contexte : un milieu rural aussi varié qu’emprunté, fait d’écrivaillons, de starlettes, d’intellos frustrés et d’ados paumés dans leur quotidien. Femme fatale consciente de sa beauté, Tamara va alors enflammer tout un village en ranimant désirs et passions de bobos médiocres, effrayés par le démon de midi. En réveillant les consciences pour mieux les dérégler ou les perdre dans des désirs contradictoires, Tamara joue à merveille son rôle de fantasme en mouvement, terreau de désirs violents, mais aussi de souffrances insondables. Posy Simmonds, adoptant un ton décalé empreint de dérision, excelle ici dans le registre du roman graphique. Dans un style oscillant entre élégance et désuétude, l’auteure se montre aussi cruelle que pertinente, saisissant avec acuité l’esprit d’une époque. Textes et cases ne cessent d’alterner, rythmés par une humeur toute primesautière et un humour cinglant. Au delà d’un suspens bien mené et d’une fin surprenante, Tamara Drewe vaut par sa critique moderne de la « middle-upper class » anglaise, habitée par la veulerie et fière de son petit confort bourgeois. Derrière sa légèreté apparente, le récit se révèle en fait très dur à l’égard de cette société fricotant avec le monde des paillettes, et dont les passions se résument au sexe et aux ragots. Ce petit jeu de massacre so british, aussi frais que réjouissant, se dégustera comme un succulent pudding…