L'histoire :
Ce premier volume réunit des oeuvres de la littérature mondiale, de l'Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, de L’Épopée de Gilgamesh aux Liaisons dangereuses, adaptées graphiquement par une cinquantaine d'auteurs. Des récits légendaires (L'Odyssée, L'Iliade), des pièces de théâtre (Médée, Lysistrata, Le roi Lear) précèdent des textes sacrés (L'Apocalypse de Jean) ou des contes et livres philosophiques (Candide de Voltaire ou Le Banquet de Platon). Des travaux réunis par Russ Kick, la majorité des adaptations étant issues de commande, une partie d'entre elles ayant déjà été réalisées.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Face à l'ambition affichée par ce livre de 500 pages, le premier volume d'un triptyque, on avait qu'une envie : s'extasier et en prendre plein les yeux. Une fois la lecture terminée, c'est bien la déception qui l'emporte. Il est ici question d'un recueil réalisé par plus de cinquante auteurs, la plupart inconnus en Europe, à quelques exceptions près (Crumb, Eisner, Peter Kuper). Côté réussites, on retiendra entre autres L'Iliade par Alice Duke, Jonathan Swift par Kuper, le Sonnet 18 par Robert Berry, ou encore le Don Quichotte d'Eisner. A l'inverse, d'autres prestations sont tout simplement sans intérêt, voire moches : L'amour du roi David et de la belle Bethsabée par Dave Morice qui fait (très) mal aux yeux, tout comme La reine des fées et l'affreux Le songe d'une nuit d'été. A l'heure du bilan, on dénombre plus de ratés que de succès, les réserves étant nombreuses : un niveau graphique donc très inégal, des performances honnêtes voire bonnes côtoyant de nombreuses prestations ordinaires, des chef-d’œuvre de la littérature mondiale qui n'en sont pas (et donc, des choix forcément discutables), des récits assez courts, parfois une seule planche, dans lesquels on rentre parfois difficilement. Autre bémol, il est davantage question d'illustrer des extraits d’œuvres littéraires connues que d'interpréter véritablement des textes. D'où une légère frustration, tant le lecteur peine parfois à s'immerger dans des histoires livrées brut, seulement précédées d'une notice explicative de contextualisation. Bref, l'ensemble ne convainc qu'à moitié. Une fois toutes ces réserves passées, force est de reconnaître l'originalité du défi éditorial mais, peut-être, l'ambition est-elle démesurée. D'autant plus que deux volumes vont suivre, l'un relatif au XIXe siècle, l'autre au XXe. On aurait pu avoir une magnifique somme pédagogique de vulgarisation, mais il reste en fait un gros volume fourre-tout, curieux et inégal. Tout dépend ensuite de ce que l'on en attend finalement. Reste un ouvrage audacieux par son concept, dans lequel chacun pourra trouver un récit qui lui plait. Ni vraiment enthousiasmant, ni tout à fait mauvais, on termine la lecture en tout cas assez déçu.