L'histoire :
Malcom Reed était déjà un « spécial » depuis longtemps. Il est né avec une maladie lui enlevant toute possibilité de ressentir le moindre sentiment. Quand la poussière nucléaire a envahi l'atmosphère de la Terre, à la suite de l'Ultime Guerre Mondiale, apportant la mort et le changement, il est devenu un spécial pour de bon. Des années sans éprouver la moindre émotion, puis d'un seul coup, il s'est mis à ressentir les émotions de tout le monde autour de lui. Sans bouton off pour couper court à l'envahissement intempestif de son esprit, avec des joies, des peurs, des rages et des désirs qui ne lui appartiennent pas, le recours à des drogues assommantes s'est vite révélé nécessaire. C'était sans compter sur Charlie Victor, le chasseur d'androïdes renégat qui l'a obligé à sortir de sa torpeur médicamenteuse pour pister ces machines sans empathie. Si les premiers jours sans drogue se sont révélés insupportables, il éprouve maintenant une joie sincère d'être retenu prisonnier dans un immeuble avec pour seul compagnon ces quelques humanoïdes hors-la-loi qui ne diffusent aucun sentiment...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fin de cette continuation analeptique de la célèbre œuvre de Philippe K. Dick Do Androids dream of electric sheep (qui a donné le film Blade Runner) réunit les quatre derniers chapitres (sur 8 en tout) et vaut largement le détour. Avec un graphisme sombre et glauque à souhait, le dessinateur Robert Adler ne trahit en rien l'œuvre originale. Les thèmes développés enrichissent encore la réflexion sur ce thème qui divise toujours le monde de la recherche scientifique : peut-on construire des machines qui pensent et ressentent des émotions ? Ou encore : l'humain est-il uniquement une machine organique ? Au travers des perceptions du personnage de Malcom Reed, Chris Roberson apporte des débuts de réponses, tout en laissant suffisamment d'ambiguïté pour laisser planer le doute. Telles les volutes colorées et discrètes autour des androïdes évoquant des émotions primitives, ou encore le fait que l'impulsion électromagnétique censée provoquer une réaction similaire à une émotion dans le cerveau d'un androïde, ne semble pas être perçu par notre « spécial ». Si la liaison avec le roman originale est habile, on regrette peut-être l'absence totale de Rick Deckard (le héros du roman-mère) dans cette fin où les Nexus 6 n'ont pas encore fait leur apparition…