L'histoire :
L’archonte, le plus vénérable des singes, a été froidement assassiné par un membre de la communauté humaine, en possession d’un fusil mitrailleur. Sa fille Alaya, la chimpanzé qui hérite de ses responsabilités politiques, est accablée, mais elle ne fait pas preuve de la même sagesse. Elle souffle sur les braises de la haine, latente chez tous les singes. Son peuple réclame la vengeance et même l’annihilation totale de ces humains fourbes et nuisibles. Alaya libère donc Nix de son cachot, un gorille blanc ultra violent, et elle lui donne carte blanche pour mener les opérations. Pendant ce temps, la maire humaine Sullivan, elle aussi fille adoptive de l’archonte et donc fortement affligée, mène son enquête, malgré sa grossesse. Elle sait désormais que l’assassin était Chaika, la fille muette de Bako, proche et résistant de la première heure. Or, se sachant blessée et condamnée, Chaika a ensuite commis un attentat-suicide à la bombe. Sullivan détermine aujourd’hui que les armes et les explosifs qu’elle a utilisés sont issus d’une technologie moderne et qu’ils ont été fournis par l’Eglise de frère Kale. D’abord en rage contre le frère Kale, Sullivan comprend petit à petit que celui-ci a simplement satisfait une demande forte de ses adeptes. La guerre ultime entre les hommes et les singes est désormais engagée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Emmanuel Proust importent et adaptent en 3 tomes (recueillant 4 fascicules originaux chacun) cette série de comics scénarisée et dessinée respectivement par les américains Daryl Gregory et Carlos Magno. Leur arc est inédit par rapport à toutes les œuvres qui ont été déclinées de l’univers de Pierre Boule, le romancier français qui a imaginé la problématique anticipatrice de La planète des singes. Dans la chronologie de l’œuvre, les évènements racontés par cette trilogie comics se déroulent après le contexte du film de Rupert Wyatt (réalisé en 2011, qui explique les origines de la révolution simiesque) et 1300 ans avant celui du roman original (dans lequel l’homme est réduit à l’état d’animal). L’intrigue focalise sur le point de rupture, c’est-à-dire la fameuse révolution qui sera fatale à l’humanité. Comme souvent, c’est un « simple » attentat qui sert ici de prétexte à un massacre en devenir. Alternant palabres et action, impeccablement mis en scène par le dessin réaliste de Magno, ce tome 2 s’intéresse au climat insurrectionnel, à la radicalisation des forces en présence, à la préparation des belligérants et aux mouvements de troupes. Ce contexte fait aussi écho à notre propre actualité géopolitique, à travers les manipulations spirituelle, les attentats suicides, la réponse de la violence aux provocations. Cette portée allégorique fait honneur au roman original, qui était déjà une réponse de SF métaphorique aux maux du XXème siècle. Avec un surcroit de fluidité dans la narration et d’empathie pour les personnages, ce cross-over serait un pur bonheur…