L'histoire :
Que ressent-on lorsqu’on vous braque un flingue sur la tempe ? Une envie de pleurer ? Une envie de pisser, de chiasse ? Graham Bricke, criminel notoire, n’est pas loin de ressentir sa fin, là. Un sentiment de libération. Libéré de toute cette merde qui débuta 15 jours auparavant. Depuis que le pays avait appris le projet gouvernemental de supprimer le papier monnaie au profit de cartes magnétiques (afin d’endiguer la criminalité), les Etats-Unis ressemblaient à un vrai foutoir. Comme si tous se dépêchaient de commettre un dernier crime avant la prohibition promise. Naturellement, Graham était de la partie. Sans parler de ses petits ennuis avec Enrique – qui attendait de cramer dans sa baignoire – et son pote Kasper, l’homme projetait un dernier gros coup qui le mettrait à l’abri du besoin pour longtemps. Un soir d’il y a deux semaines, donc, Graham se rend chez Collins, un pub au coin de sa rue qu’il fréquentait à l’occasion. Il doit y rencontrer un futur associé qui l’aidera dans son entreprise. Il n’est pas dans ses habitudes de bosser en équipe, mais les événements se précipitant, il n’a guère le choix (…). Alors qu’il poirote au bar, une superbe créature se présente. La nana le chauffe et – avant de se la faire – ils parlent de choses et d’autres : on t’a déjà braqué un flingue sur la tête, lui demande-t-elle ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Radical. Outre le fait que le qualificatif fasse écho à l’éditeur original – la maison d’édition américaine Radical – cette trilogie ne fait guère dans la dentelle. Série d’anticipation imaginant l’Amérique de l’oncle Sam au bord du gouffre – à feu et à sang – son gouvernement ayant annoncé la suppression du papier monnaie afin d’éradiquer la criminalité, The Last days of American crime impressionne par son énergie scénaristique et graphique. Auteur montant, Rick Remender (Fear agent, The Punisher) a trouvé en la personne de Greg Tocchini, la perle rare. Remender confesse en fin d’album qu’il fallait un dessinateur qui allie « fermeté et beauté » pour restituer toute l’intensité d’une ambiance électrique, voire anarchique. Déjà, la couverture est belle, sensuelle et pénétrante ; les crayonnés préparatoires et planches originales proposées (aussi) au sortir de l’histoire, achèveront de convaincre les plus sceptiques. Le dessin de Tocchini est plein, heureux et chaleureux, jusqu’au moindre détail. Quelque part entre Marini, Perger et Jacamon, pour donner à l’amateur franco-belge un ordre d’idée. La mise en couleurs directes y est sans doute pour beaucoup. Maîtrisée, la technique transfigure l’ensemble. Côté narration, Remender joue beaucoup sur l’impression laissée par des personnages aux traits et caractères bien identifiés, bien campés. Le découpage imprègne un rythme hautement cinématographique, à une lecture laissant son spectateur en haleine. Un film est, semble-t-il, en préparation. Un second tome est en tout cas à venir cet été (août 2010) et un dernier pour la nouvelle année prochaine (janvier 2011). En attendant, j’y retourne une fois encore, histoire d’en reprendre plein la tête et les mirettes ! Un titre addictif.