L'histoire :
Saint-Louis, 1857. Abner Marsh est un capitaine de navires fluviaux réputé mais ruiné et sans navire à la suite d'une crise financière. Un dénommé Joshua York, gentleman fortuné, lui propose alors de financer la construction d'un navire sans pareil pour naviguer sur le fleuve Mississippi. Les seules conditions qu'impose York au capitaine Marsh est de suivre ses ordres sans poser la moindre question. Marsh accepte et entreprend de faire construire le navire le plus rapide du fleuve Mississippi: le Fevre Dream. Pendant ce temps, à la nouvelle-Orléans, un homme achète une esclave aux enchères et la ramène dans une plantation des alentours. La malheureuse est dévorée par le maître des lieux, un maître vampire dénommé Damon Julian, et par ses acolytes. Lassé et ayant épuisé les ressources locales, les vampires, accompagnés de leur serviteur humain, partent à la recherche d'un nouveau terrain de chasse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
River Dream est l’adaptation en bande-dessinée d'un roman intitulé Fevre Dream (titre V.O., le changement pour la V.F. est d'ailleurs un peu curieux) écrit par l'auteur George R. R. Martin, plus connu dans nos contrées pour être l'homme derrière l'épopée Game of Thrones. Fevre Dream a été publié en 1982 et il est important de le préciser, tant on peut penser par moments à diverses œuvres sur le thème des vampires ayant été réalisées depuis. Hormis le fameux Entretien avec un Vampire (datant de 1975), on peut donc considérer qu'on est face à un ouvrage dépourvu d'influences. Pour ce qui est de l'esthétique de River Dream, on peut regretter le choix de couverture de ce premier tome, assez laid comparé à celle de la publication originale, ici déplacée au sein de l'album. Le style de Rafa Lopez est un peu déconcertant, en particulier pour les personnages et leurs expressions. Mais son usage intensif des noirs et autres ombres est adéquat pour cette histoire se déroulant principalement de nuit ou dans les cales de navires. Le récit démarre lentement et les comportements des personnages sont parfois déroutants. Le capitaine Marsh, par exemple, tout d'abord un peu naïf et prosaïque, puis qui finit par faire preuve d'une témérité confinant à l'inconscience, sans que le lecteur n'en comprenne les raisons. Le récit est aussi, peut-être, un peu trop centré sur les seuls York, Julian, Marsh et Billy, alors que les seconds rôles sont nombreux, aussi bien chez les vampires que chez les humains. Mais, outre l'ambiance envoûtante de la Louisiane du XIXe siècle, on est piqué de curiosité par la noblesse que l'on devine chez York et par le vécu de capitaine de Marsh. On est transporté dans ce cadre et cette époque et Julian incarne un antagoniste convaincant, à la cruauté prometteuse en termes de rebondissements. Un premier tome qui installe ses protagonistes et nous plonge dans l'atmosphère moite de cette petite Europe bouffée par les moustiques et les superstitions.