L'histoire :
Joe Sacco est grand reporter. Il rejoint Israël en vue de réaliser une enquête sur le massacre perpétré en 1956 de Khan Younis, à côté de Rafat, où des civils auraient été exécutés. Arrivé à Jérusalem, il attend les autorisations qui lui permettront d’entrer en territoire Palestinien. Il passe son temps avec ses confrères dans un hôtel chic de la capitale israélienne. Tout ce que le monde compte de grands reporters se trouve réuni au bar de l’hôtel. On y refait le monde en attendant d’improbables accords de paix ou le prochain attentat. Joe obtient enfin son laisser-passer pour Gaza. Une fois sur place, il rencontre Abed, qui va le guider dans les ruelles surpeuplées de la « capitale » palestinienne. Il se met en quête de témoins du massacre des 275 civils abattus en 1956, mais les gazaouis lui parlent surtout de leurs difficultés à vivre avec les différents blocus auxquels ils sont soumis, des problèmes de ravitaillement, de scolarisation des enfants… Joe écoute, respectueux des douleurs, mais il insiste. On évoque alors Sabra et Chatila, Moche Dayan, les premiers fedayins. Il persiste et enfin, il rencontre un témoin oculaire. Le 9 novembre 1956, dans le camp de Khan Younis, 275 jeunes hommes, enfants et vieillards, ont été méticuleusement éliminés par les militaires israéliens. Le récit est effroyable. Un parmi tant d’autres….
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’enquête de Joe Sacco est un véritable réquisitoire contre l’Etat israélien. Un de plus parmi les innombrables protestations de la communauté internationale contre la politique tragique menée depuis 50 ans dans les territoires occupés du proche orient. Les images atroces de ce conflit sans fin sont imprimées dans nos souvenirs et des noms ou des mots résonnent dans la mémoire collective : Sabra et Chatila, Moche Dayan, intifada, feydayns… au point qu’on ne sait plus replacer les événements dans le temps, qu’on ne sait plus quel a été le détonateur du dernier attentat. Gaza 1956 est un voyage dans l’enfer d’un peuple abandonné, une véritable encyclopédie de l’horreur qui, grâce à l’enquête du journaliste, permet de rappeler les principaux événements qui ont détruit la région depuis la création de l’Etat israélien. Le parti-pris du récit, clair et engagé, et surtout formidablement bien documenté, en fait un livre douloureux et révoltant. Cet ouvrage est cependant difficile d’accès et austère, notamment par le choix du crayonné qui dépersonnalise les héros pour ne plus en faire que des ombres humaines. Gaza 1956 n’est certainement pas un livre grand public, mais Joe Sacco a voulu, à travers ce récit froid, laisser la place aux faits. Exercice peu simple, tant il fait appel à tous les extrémismes, à toutes les passions. Mais la vérité est bien plus terrifiante : le massacre de Khan Younis a bien eu lieu, 275 civils ont été méthodiquement exterminés et sans Gaza 1956, il ne resterait pour seule trace d’eux, qu’une note en bas de page d’un rapport de l’ONU.