L'histoire :
Dans l'entreprise Willeford, Norman prévient son responsable qu'un gros souci a lieu en plein centre ville. L'unité 4 causerait de sérieux problèmes... Un homme appelé Nixon et qui prétend être collecteur d'impôts, échange des rafales de balles avec un type au volant d'une grosse voiture jaune. Nixon parvient à abattre son vis à vis, mais il entend un compte à rebours provenant du véhicule. Le collecteur d'impôts court, mais il subit de plein fouet l'explosion. Très vite, une ambulance arrive et fait les premiers soins avant d'emmener Nixon au sein de l'entreprise Willeford. Là-bas, il est branché de toute part et se réveille plus tard au sein de son foyer. Entouré de sa femme et de ses enfants, il se sent bien. Il va pouvoir retourner au travail, maintenant qu'il se rappelle de son nom : Carl Seltz. Son métier est enquêteur pour une compagnie d'assurances. La reprogrammation a fonctionné...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans les années 80, Geof Darrow fait la connaissance de Mœbius sur le tournage du film Tron. Celui qui était jusqu'ici animateur pour les studios Hanna-Barbera se met progressivement au 9ème art à mesure qu'il côtoie le génial Jean Giraud. En 1990, c'est par l'intermédiaire de ce dernier que Geof Darrow et Frank Miller se rencontrent et entament une collaboration artistique qui débouche sur Hard Boiled. Cet album se déroule dans un univers étrange et emprunt de paranoïa, à l'instar de ce que l'on trouve habituellement dans les récits de Philip K. Dick. On y suit un type assez mystérieux qui enchaîne les séquences de tueries (sont-ce ses rêves ?) à d'autres, où il vit une vie de famille somme toute idéale (est-ce la réalité ?), mais aussi d'autres séquences où il est soigné et sa mémoire corrigée. Frank Miller n'est pas forcément connu pour sa grande finesse et il le prouve une fois de plus dans ce récit ultra-violent, où se multiplient les rebondissements. Dans une certaine mesure, l'histoire de Miller rappelle sur bien des aspects son Bad Boy, en plus réussi. Delcourt a opté pour une nouvelle édition au format plus proche de l'original. Cela permet de bénéficier pleinement du travail pharamineux de Geof Darrow au niveau des planches. L'artiste américain cultive le souci du détail comme personne et parvient à impressionner en permanence. Les scènes de destruction sont violentes à souhait et il n'y avait que la démesure de Darrow pour tirer pleinement du récit de tels tableaux. Hard Boiled est une œuvre majeure du comics de par sa créativité et ses qualités esthétiques inégalées. Un album culte qu'il est bon de (re)lire aujourd'hui, avec cette réédition agrandie par Futuropolis, bénéficiant en outre d'une nouvelle colorisation signée Dave Stewart.