L'histoire :
L’agence d’espionnage Half-Huit vient de perdre son agent légendaire, Spy Superb, retrouvé momifié dans le coffre d’une voiture. Bien que cet espion soit connu des agences de renseignement du monde entier, sa véritable identité reste un secret absolu. Dans les dossiers ennemis, il n'existe pas : il est une ombre. Ce programme a vu le jour pendant la Seconde Guerre mondiale, fruit de la collaboration entre les services secrets américains et français pour concevoir l'agent ultime. Cependant, l’agent original est mort dans une explosion si absurde qu’elle a été considérée comme une ruse, donnant l'illusion de sa fausse mort. C’est là qu’Half-Huit a saisi une vérité simple : ils n’avaient pas besoin d’un agent Spy Superb, mais de l’idée même qu’il existait. Quel meilleur camouflage pour un espion que d’ignorer qu’il en est un ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel est le point commun entre The Man from Toronto (2022), My Spy (2020) et The Hitman’s Wife’s Bodyguard (2021) ? Tous ces films reposent sur un duo improbable : un espion ou un tueur redoutable contraint de faire équipe avec un partenaire incompétent, générant ainsi une dynamique mêlant action et comédie. Spy Superb s’inscrit pleinement dans cette lignée, mais sans y apporter un réel vent de fraîcheur. Matt Kindt joue sur l’absurde et le décalage, mais malgré quelques bonnes idées, l’intrigue suit un schéma déjà vu et peine à surprendre. L’humour fonctionne par moments, mais l’ensemble donne l’impression de recycler des ressorts narratifs usés, sans véritable renouveau. Graphiquement, l’album reprend le style singulier de Matt Kindt, proche de Mind MGMT, avec un trait brut et expressif. Celui-ci confère une touche artisanale qui se démarque des visuels lisses et numériques souvent associés au genre de l'espionnage. Les lignes esquissées et l’aquarelle apportent une texture particulière, créant une atmosphère unique. La mise en page dynamique, ponctuée de compositions éclatées, accentue le ton décalé de l’œuvre. Cependant, malgré cette identité graphique marquée, Spy Superb laisse une impression mitigée. Si l’ambiance visuelle intrigue, elle ne suffit pas à masquer un récit qui manque d’originalité, peinant à renouveler un concept déjà largement exploré.