L'histoire :
Après avoir mal encaissé une rupture amoureuse, John flotte d’un jour à l’autre au ras du sol sans trop de projet ou d’envie. Pourtant, le destin semble lui faire un appel du pied lorsqu’en se rendant à une soirée il retrouve Naomi. Enfants, John et Naomi étaient voisins et leurs familles étaient proches. Cependant, John partageait surtout les jeux de Chris, le frère ainé de Naomi. A l’adolescence, la personnalité excessive, malsaine et cruelle de Chris avaient éloigné les deux garçons. A l’inverse, John et Naomi s’étaient trouvés de nombreuses passions communes et étaient devenus très proches. La mort accidentelle de Chris mit cependant un terme à toute relation, sa famille ayant décidé de quitter la région après ce décès. Aujourd’hui, les années se sont écoulées mais les liens qui les unissaient, enfants, semblent ne pas demander mieux que se nouer à nouveau. L’alcool aidant, il n’en faut pas plus pour que ces deux là passent la nuit ensemble. Une drôle de nuit pourtant… John se réveille en effet en sursaut dans son appartement. Naomi endormie à ses cotés. Mais pas le moindre souvenir de ce qui s’est passé après leur départ de la petite fête. Il reste simplement le souvenir de ce terrible cauchemar qui vient de le réveiller : un rêve horrible qu’il n’avait pas fait depuis des années…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l’indique l’auteur en préambule, l’ouvrage emprunte son titre à un cilice, c'est-à-dire une chemise en crin rêche portée à même la peau et traditionnellement revêtue par pénitence. Pour John, l’un des personnages centraux du récit, cette mortification prend la forme d’un cauchemar récurrent dans lequel chien à tête humaine familière et fantasmes refoulés tentent de faire rejaillir un passé enfoui. Pour ajouter au mystère, la fréquence de ces visions horrifiques augmente alors même qu’il vit une relation amoureuse riche et intense avec Naomi, une amie d’enfance perdue de vue depuis des années. L’intrigue repose alors sur le jeu de ces 2 protagonistes : leur relation ultra fusionnelle, le rapport malsain qu’ils entretiennent avec leur enfance, les zones d’ombres du passé ou leurs provocations répétées. Le résultat est sans appel : on est captivé par ce thriller psychologique parfaitement anxiogène alimenté par un trait hachuré et un découpage au cordeau. La qualité de l’écriture et l’équilibre dialogues/voix off servent également à faire du passé des deux amoureux un élément prégnant du récit. On reprochera cependant à l’auteur de ne jamais clairement nous le relater, laissant ainsi le mystère continuer de planer. Évidemment, on formule des hypothèses, relecture faite, en tentant de retrouver ici et là quelques indices, mais rien n’est délivré avec limpidité. Un peu comme si Patrick McEown souhaitait nous faire porter à notre tour le poids du non dit, pour que son John quitte sa chemise de crin à jamais.