L'histoire :
Au moyen-âge, quelque part dans la chrétienté, une poignée de soldats voyage à cheval à travers un paysage de montagne balayé par le blizzard. Soudain, ils reçoivent une forte chute de rocs et de neige, provoquée par une main assassine. Tandis que certains sont écrabouillés, l’un d’eux glisse jusqu'au fond d’un vallon. Il parvient à se relever et remonte péniblement la pente, en s’aidant de son épée. Mais une fois en haut, il assiste à un spectacle ahurissant : un de ses compagnons est en train d’être vidé de son sang par ce qui ressemble à un homme nu, qui lui dévore le cou ! Tétanisé, le soldat observe sans être vu un autre homme plus âgé intervenir et molester violemment cette créature, en lui reprochant son acte. En représailles, le vieil homme jette littéralement le jeune dans le vide. Puis il repart en traînant derrière lui dans la neige le corps du soldat inerte. Le soldat espion et rescapé retrouve sur le lieu de cette scène un médaillon en forme de soleil. Il prie Dieu de ne pas laisser son âme être un jour emportée par ces démons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot scénarisé par David Muñoz propose de revisiter le mythe des vampires, mais durant un moyen-âge glacial, obscurantiste, désertifié, lugubre et rongé par la peste. Au passage, on note que le scénariste espagnol se complait décidément dans l’épouvante fantastique – il a d’ailleurs déjà signé une trilogie vampirique chez les Humanoïdes associés : La terre des vampires. Or il faut bien reconnaître que cet Eternel hiver n’apporte pas grand-chose de plus au classico-classique mythe des vampires. Ici, l’héritier d’un seigneur se retrouve piégé, contaminé par une femme vampire, et donc ensuite alternant logiquement chasse et cavale, traqué par la soldatesque. On ne s’identifie guère au personnage central et pour cause : il n’est ni attachant, ni loyal. Surtout, il obéit à un destin quelque peu linéaire et superficiel… comme si l’écriture du scénario avait été faite page après page, sans objectif final préalable – n’en déplaise aux flashbacks et flashfowards qui tentent sans y parvenir de donner rythme à la narration. On suit malgré tout sa quête de sens à sa nouvelle condition, en cherchant nous aussi un propos de fonds à l’intrigue. Le dessin de Rafael Vargas, dont c’est a priori le premier album, n’est certes pas désagréable – notamment l'encrage très réussi – mais il se révèle parfois irrégulier. On peine à distinguer les personnages, les proportions sont parfois louches, les postures peu naturelles, et la logique séquentielle de la mise en scène malmenée. Bref, un album à réserver aux purs mordus des vampires.