L'histoire :
Le monde tel qu'on l'a connu n'existe plus. Les frontières géographiques ont disparu, la notion d'État n'est plus qu'un souvenir. Seules quelques familles règnent en maîtres sur leurs territoires et se livrent à une guerre. Elles emploient quelques individus triés sur le volet. Ils servent leur intérêt, les protègent dans une loyauté qui doit être absolue. Ils obéissent aveuglément. Ce sont les cerfs. Tous les autres sont du déchet. La famille Carlyle domine l'Ouest américain et une partie du Canada. Elle s'oppose à la famille du Dr Jakob Hock. Ce dernier a empoisonné Malcolm Carlyle. Diminué, il a dû passer le flambeau à sa fille, Johanna. Chaque famille dispose d'un Lazare, être doté de capacités exceptionnelles et en charge de missions de représentation ou de défense. Il se trouve que Johanna Carlyle a choisi d'enfreindre une règle et briser un secret qu'elle a livré à son Lazare, Eve, surnommée Forever, pour s'en assurer fidélité : une enfant est destinée à prendre sa place, le moment venu. On l'a baptisée Huit. Nous voici en l'an X+68. Les Carlyle sont en fâcheuse posture. Ils sont entourés par leurs ennemis. Au Sud, les Morray. A l'Est, Hock. Au Nord, Vassalovka s'apprête à donner l'assaut par l'Alaska. Johanna Carlyle sait qu'il ne s'agit plus que d'une question de temps. Mais elle a un plan, qui repose sur Forever...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Greg Rucka est connu de tous les fans de comics pour son expertise en matière de polars et récits d'espionnage, mais avec Lazarus, il a enrichi son registre avec l'anticipation. Si on devait faire un raccourci abusivement rapide, on vous dirait qu'on est en présence d'un 100 Bullets dans un futur totalement flippant. On ne peut en effet s'empêcher de penser que la poignée de familles qui dominent le monde et qui ont pris lieu et place des États évoquent celles qui s'entretuent dans la série écrite par Brian Azzarello. Autant vous dire que la tension est donc le moteur principal de la narration et qu'elle trouve son zénith dans des scènes de combats dont la violence est inouïe. Âmes sensibles s'abstenir : ici, au mieux, ça pète des côtes et dents, mais le plus souvent, ça flingue en pleine tête, voire ça découpe en morceaux. Le talent de Michael Lark n'est plus à louer et à la fin de ce volume, quelques pages vous montreront les coulisses de la création de ses planches, comme le fait que ce sont d'abord des décors numériques qui sont placés et repris à l'encrage, puis les personnages superposées, la colorisation et le lettrage venant naturellement en dernier du processus. L'ensemble assure d'ailleurs une esthétique remarquable. Au milieu de cet océan de victimes, il reste cependant un îlot d'apaisement pour Forever, cette femme tueuse aux capacités de régénération : c'est le fait qu'elle est à la recherche de sa petite sœur, surnommée Huit. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le récit ne verse pas dans le mélo ; et là aussi, on pressent que leurs destins croisés vont s'avérer dramatiques. Alors si vous voulez rester scotchés à votre fauteuil sans pouvoir décrocher le livre avant d'en avoir fini sa lecture, Lazarus va vous y aider !