L'histoire :
Un siècle durant, Odyssia-La-Rusée a tissé les fils de ses plans. Un siècle durant, elle a composé la chute de Troiia. Quelle merveille ! Sinane, la première, entra en scène. C'est elle qui construisit et nourrit les bêtes du siège achéen. À elle seule, elle réveilla la flotte achéenne entière et la fit traverser les étoiles. À elle seule, elle arrima ses vaisseaux à ces charges depuis longtemps tombées et laissées pour mortes, avec tout leur armement. Alors qu'elle remorqua le cadavre jusqu'aux portes de Troiia-VII-a, elle nourrit son courage de ses propres larmes. Que pouvait-on craindre d'une vieille palefrenière ? Comment aurait-elle pu menacer l’imprenable super-complexe de Troiia-La-Glorieuse ? Chaque scanner, chaque capteur, chaque paire d'yeux de Troiia-VII-a confirma son récit. Et en effet, les achéens levèrent le siège. La guerre était finie. Ils la tuèrent. Dans leur chambre de l'enfer, les sénateurs et les scientifiques troiens réduisirent Sinane en pièces. D’abord, ses cris et les flots de son sang semblèrent ne jamais tarir. Et finalement, le silence s'installa. Mais Sinane n'avait rien dit des plans d'Odyssia-La-Sage... On débattit longtemps de son vaisseau et de la bête de siège morte qui lui était attachée. Tous deux patientèrent, en apesanteur, devant les portes infranchissables. Que de secrets un tel vaisseau pouvait-il révéler ? Que de mystères de la génétique ce cheval démoniaque pouvait-il dissimuler ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ody-C est typique du comic book clivant : il trouvera certainement des lecteurs qui en seront passionnés et d'autres, dans la catégorie desquels nous nous rangeons, qui s'en sont rapidement lassés. Et là, bon courage, parce que, comme tout Omnibus qui se respecte, le volume est épais : 336 pages. C'est donc un état de fait, quoiqu'il arrive, vous allez être embarqués dans un long voyage qui, pour le coup, ne trahit rien du concept d'une odyssée. Alors essayons de souligner les qualités et les défauts de l’œuvre. Matt Fraction, le scénariste, roule sa bosse dans l'industrie des comics depuis une bonne dizaine d'années et il n'est pas le premier venu, bien qu'il fasse également controverse, notamment parmi les fans de Marvel – cf le catastrophique Age of Ultron auquel il a participé. On peut lui reconnaître ici d'avoir l'ambition de remettre en avant une histoire autre que celle de supers-slips amenés à sauver l'Humanité, certes. On peut aussi souligner qu'il amène sa touche perso à cette réinterprétation, en introduisant un postulat intéressant, qui repose d'une part sur le fait que Zeus est un personnage féminin, et qu'il invente un troisième genre, capable d'auto-procréer, ce qui questionne aussi la filiation, thème central dans la mythologie grecque. De ce point de vue, sachons reconnaître la réussite de cet apport. Ajoutons que l'ensemble est traité de façon assez psychédélique et vous pourrez penser que l’œuvre est riche. Pour autant, les dialogues sont tellement ampoulés (osons même le dire, l'écriture est affreusement pompeuse) qu'ils en deviennent indigestes. Pas de bol, la narration est bavarde. Il faudra donc s'accrocher, et bien fort, si on n'est pas séduit. Côté dessins, Christain Ward propose un traitement intéressant et plutôt original, même si ses couleurs sont tellement vives qu'elles saturent la rétine. Si son découpage est audacieux, le dessinateur n'est pas non plus aidé par la place faramineuse que prennent parfois les phylactères, réduisant aussi la visibilité des planches. Vous l'avez compris, il faudrait être de mauvaise foi pour dire que ce livre n'est pas bon, mais pour autant, il est assez loin de nous avoir plu. Alors on s'en remet à votre propre jugement, qui finalement, est bien le dernier qui compte. Bon voyage !