L'histoire :
Ancienne délinquante, Alex Braith embarque à bord du Southern Cross, un vaisseau-cargo express qui doit rejoindre Titan, la lune de Saturne, en 6 jours. Elle y va pour récupérer la dépouille de sa sœur Amber, morte dans d’étranges circonstances, au sein de la tour de forage Zemi. Pas franchement en touriste, donc. Elle passe tant bien que mal les procédures de contrôle, puis on lui fait une visite des communs et des coursives et on lui affecte une cabine. Elle se retrouve en chambrée avec Erin McKenna, une autre jeune femme avec laquelle elle n’a pas du tout envie de sympathiser. Le cœur n’y est pas, elle a juste l’impression que ce voyage de 6 jours sera interminable. Elle prend son mal en patience en s’isolant au maximum et en se perdant dans les couloirs du Southern Cross. Elle se retrouve dans la zone des machines et se fait surprendre par le capitaine. Elle sympathise avec lui, alors il lui fait visiter le réacteur central, un moteur gravitationnel dont on entend presque palpiter la puissance à tout endroit du vaisseau. Dans les heures qui suivent, Alex va ressentir de curieuses stases de déconnexion de son esprit. Est-elle la proie d’hallucination ? Tout cela aurait-il un rapport avec la mort de sa sœur ? Avec le moteur gravitationnel ? Et puis le corps de la colocataire de sa chambre disparait singulièrement, en laissant ses vêtements vides de tout corps sur son lit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce futur pas si lointain, on a inventé une propulsion cosmique très performante. A bord du vaisseau paquebot Southern Cross, on rejoint Titan, la lune de Jupiter, en 6 jours (aujourd’hui, il faudrait 3,5 ans). C’est durant ce court laps de temps que ce déroulent les 6 chapitres de ce (premier ?) recueil de science-fiction pur jus, correspondant aux 6 fascicules comics initialement publiés outre-Atlantique. Notre héroïne aventureuse et dure-à-cuir, Alex Braith, part chercher là-bas le corps de sa sœur morte. Or durant le voyage, il se déroule des « trucs » bizarres, des évènements en lien avec cette mort mystérieuse mais aussi en lien avec le moteur gravitationnel du vaisseau. Ce dernier défie un peu trop les lois de l’astrophysique définie par Einstein, pour éviter que ça perturbe complètement le rapport à la métaphysique. De fait, la logique rejoint ici l’ésotérique, dans une tension de thriller un peu floue, sans que personne ne comprenne précisément ce qui se passe. En gros, l’héroïne mène son enquête dans un bordel quantique et existentiel bien pratique pour brouiller toute volonté d’explication. Si on accepte ce postulat de départ, le récit scénarisé par Andy Belanger joue plutôt bien la carte de l’atmosphère pesante, des fausses pistes, des regards qui en disent long – croit-on – dans la lignée des films Solaris ou 2001 L’odyssée de l’espace. Du reste, le dessin encré de Becky Cloonan offre une ambiance de huis clos ad hoc, avec une colorisation de teintes ternes en aplats qui renforcent l’aspect sordide du confinement. Mention spéciale aux clairs-obscurs, au découpage savant, aux éléments technologiques… mais un peu moins aux visages de personnages.