L'histoire :
En 1936, à New York, Frank O'Malley est groom dans l'hôtel de luxe, le Waldorf Astoria. Pendant son temps libre, il fait la promotion d'une nouvelle pièce de théâtre dans laquelle joue Theresa Harris, une femme de ménage de couleur avec laquelle il travaille et qu'il aide à réviser ses textes. Alors qu'il se rend au travail, il apprend par l'un de ses collègues que Jack Helmer est de retour. Il s'agit d'un richissime client à qui il doit 400 dollars, suite à une partie de poker perdue. Alors qu'il travaille discrètement, le groom aperçoit un coffret rempli de bijoux précieux dans la chambre d'un client. Hésitant à en prendre un pour pouvoir payer sa dette, il est rappelé à l'ordre par Theresa. Le lendemain, la cliente à qui appartient les bijoux hurle qu'elle a été volé. La police arrive et d'emblée, les soupçons se portent sur Theresa qui prétexte n'avoir rien fait...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis la sortie du Tueur de la Green River, le nom de Jonathan Case se fait de plus en plus présent en France. Cet artiste américain se distingue par son style graphique fin et esthétique, et qui est capable de s'adapter aussi bien au registre du polar (The Creep) que du super-héros rétro (Batman '66). Avec The New Deal, il se penche sur une époque trouble de l'Amérique, celle du lendemain de la crise du fameux "jeudi noir". Le contexte historique est riche, avec son caractère éminemment économique avec les luttes de classe, ainsi que sociétal, avec un racisme omniprésent et même la place de l'art au milieu de tout ça. En narrant le parcours des trois personnages principaux, Jonathan Case présente des portraits variés et intéressants. D'un côté, nous avons Frank, un groom maladroit et endetté, de l'autre Theresa, une femme de ménage de couleur et actrice à ses heures, et enfin Nina une jeune femme riche et débonnaire. Leurs trajectoires respectives sont intéressantes et la narration est d'une jolie subtilité. Les dessins sont en plus très bons et les petites touches bleutées viennent enrichir un noir et blanc délicatement encré. L'album est en plus complété par une analyse intéressante de l'époque et d'une interview (courte) de l'artiste. The New Deal parle d'une époque révolue et lointaine mais dont certains maux ont toujours la vie dure. Une vraie bonne lecture.