L'histoire :
La Cité des Filles Perdues est un petit bled à la frontière du désert. Frank Coffey vient d'y être affecté. En vérité, c'est une mutation en forme de punition. Ce type donne tout à la police depuis plus de dix ans, ce qui pourrait bien lui coûter son mariage. De son propre aveu, le métier et la manière dont il l'a investi ont fait de lui un père bien trop absent et un époux pire encore. Mais il a une qualité, celle qu'on ne lui a pas pardonnée : l'intégrité. Il y a quelques jours, il a cogné un mec qui a cartonné une caisse avec son poids lourd, en manifestant le même problème de conscience que s'il avait claqué un moustique. Pardi, ce sale type bosse pour une boîte qui fait sa loi dans tout l’État ! Cet espèce d'enfoiré se croyait intouchable et quand Franck a vu la passagère, une petite fille blessée et la conductrice, sa mère, morte sur le coup, il n'a pas supporté le sourire sardonique du chauffeur responsable de cet accident. Donc le voici dans ce trou pourri. Seulement, il n'a pas idée à quel point il l'est vraiment. Ça commence pourtant à se préciser, ce matin où il se dirige vers une maison. La route qui y mène est bordée de croix. De vulgaires planches clouées les unes derrière les autres, alignées par dizaines... Mais cette fois-ci, difficile de croire en un accident car une voiture est carrément encastrée dans la bicoque. A peine franchi le pas de la porte, il trouve une nana aux bras bandés pour masquer des plaies qu'on devine profondes. Elle est immobile, debout au milieu d'un paquet de cadavres qui s'entassent les uns sur les autres...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Coyotes, le label Hi Comics des éditions Bragelonne est allé piocher une mini-série dans le catalogue d'Image Comics, et c'est plutôt une bonne pioche. Très vite, on se retrouve écrasé par la chaleur d'un bled dont l'atmosphère n'est malheureusement pas étouffante du fait des conditions climatiques, mais parce que les disparitions de femmes s'y multiplient. Non, ce n'est pas un serial killer qui y sévit mais plutôt des coyotes, en réalité des loups porteurs d'une très ancienne malédiction. Coup classique, encore une histoire autour de la lycanthropie, pensez-vous. Pas si classique que cela car Sean Lewis, auteur qui vient du théâtre, glisse pas mal d'éléments qui font qu'on s'attache très vite aux personnages principaux. Dans sa brève postface, il nous explique que pour élaborer une histoire, il note absolument toutes ses idées puis s'efforce de les relier sans en abandonner aucune. Cela explique que par moments, la narration s'avère un poil décousue et qu'il y a aussi de grosses ficelles mais on ne va pas bouder son plaisir en face d'un spectacle à la fois nerveux, badass et amusant. Caitlin Yarski y est d'ailleurs pour beaucoup. La dessinatrice, que le scénariste avait repérée sur le net, signe en effet des planches qui ont du jus. Elle se charge aussi de la couleur et démontre qu'elle sait alterner les déclinaisons chromatiques pour renforcer différentes ambiances, de la grosse baston à des scènes plus dramatiques. Voilà, on va pas faire les chacals, on se contentera juste de vous dire que ce début d'une série prévue en deux albums a ce qu'il faut de mordant.