L'histoire :
Traversant seul une foret, un cavalier drapé de noir et d'un capuchon qui masque ses traits fait une halte. Il vient d'observer des rapaces qui forment un cercle dans le ciel, à quelques lieues. Il s'adresse à son cheval, en lui disant que si l'avoine est pour lui, alors les cadavres sont pour les vautours. Son sens de l'observation ne l'a pas trompé, car quelques minutes après, le voici face à un bien triste tableau. Deux corps sans vie gisent au milieu d'une clairière. Des loups dévorent ce qu'il reste d'un homme, quand des corbeaux se repaissent de la dépouille d'une femme. Son visage est horriblement mutilé. A la vue du visiteurs, les animaux s'enfuient, lui laissant le loisir d'observer ce qui ne peut être autre chose qu'une scène de crime. Parlant une nouvelle fois à voix haute, Geralt de Riv déduit que des loups-garou ou une goule n'en aurait pas laissé autant aux charognards, quand des brigands et coupe-jarrets n'en auraient pas non plus laissé autant à des pillards. En inspectant les corps, il se rend vite compte que l'homme porte une bague d'armurier. Il a lutté avant de trouver la mort, quand celle-ci a fauché la femme dans sa fuite. Il pourrait regagner la route, mais il n'en fait rien et décide de suivre une piste qui le mène encore plus profondément dans la foret. Il ne se doute pas de ce qu'il va y rencontrer bientôt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après l'adaptation sur Netflix, voici donc The Witcher et la nouvelle Un grain de Vérité d'Andrzej Sapkowski déclinée une nouvelle fois au format comic book, puisque Urban Comics avait décliné trois volumes confectionnés par d'autres artistes, de 2017 à 2020. Si ces derniers avaient fait l'unanimité, Hi Comics devrait logiquement remporter aussi les suffrages du lectorat, tant ce premier volume d'une soixantaine de pages se montre séduisant. On est en effet immédiatement happé par la première scène qui installe le mystère et tout aussi vite, on découvre tous les éléments qui font qu'on aime le médiéval fantastique : un monstre qui instaure le rapport de forces mais y renonce aussitôt, ayant jaugé la valeur du héros et sa confession, qui tient de la malédiction. Autant vous le dire tout de suite, ce premier volume est une allégorie de La Belle et la Bête, mais on est plus proche de l'hommage que du conte initial, comme le savent les lecteurs du Tolkien polonais. Côté dessin, Jonas Scharf se démarque radicalement du style réaliste qu'il avait imprimé à la série Bone Parish pour privilégier ici des traits plus épais, taillés à la serpe, ce qui correspond parfaitement à l'aspect rugueux des personnages. A noter que l'artiste allemand bénéficie des couleurs magnifiques du légendaire José Villarubia. Enfin, pour conclure, l'album bénéficie d'une opération de lancement pour moins de 10 €, alors ce serait juste une erreur de passer à côté.