L'histoire :
Ils sont sept, nés de sept femmes différentes et toutes vierges, le 7 juillet 1977. On les appelle désormais les sept Jesis. Ce miracle annonce une nouvelle ère et le retour de Dieu sur Terre. Vingt ans plus tard, l’un d’entre eux, Myr est intronisé comme le sauveur du monde et l’héritier de Dieu. Après un discours vibrant et un hommage chaleureux, il se repose un peu avec un bon bourbon. Cependant, des hommes en noir entrent dans la pièce avec des couteaux. Myr a beaucoup de mal à les contenir et malgré une blessure profonde sur le bras, il parvient à les neutraliser. Nul doute possible : il s’agit de ces fanatiques des guerriers d’Allah. Mais une mauvaise surprise attend Myr : les terroristes ont assassiné tous ses proches. Las, il s’assoit pour finir son bourbon. Mais il n’a pas vu qu’il restait un des meurtriers encore en vie. Myr est tué d’un coup de couteau dans la gorge. En 1998, l’effervescence reprend : la télévision annonce enfin le nouveau leader des Sept, celui qui sauvera l’humanité. Le Seigneur Pergi, pour montrer l’étendue de ses pouvoirs, guérit un ancien soldat qui retrouve l’usage de ses jambes grâce à ce miracle. Pendant ce temps, un homme sort de terre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le thème de la religion est parfois périlleux, de nos jours. Et pourtant, Seven Sons s’empare de la question sans ménagement. Étonnant comics indépendant que voilà, plein d’audace et de trouvailles fortes. Imaginez une sorte de dystopie où des personnages quasi angéliques sont érigés comme les nouveaux enfants de Dieu ; mais ils provoquent également une guerre de religion intense avec des musulmans revendicateurs. Ce monde angoissant où la religion devient une dictature terrifiante qui n’hésite pas à tuer et à manipuler est d’une férocité sans nom. Les idées fortes et les révélations sinistres se multiplient, comme par miracle. Robert Windows et Kelvin Mao ont le talent pour réécrire de façon subtile et osée des passages de la bible. Qu’on ne s’y trompe pas cependant : il ne s’agit pas d’une critique acerbe de la religion, mais bien d’une dénonciation des excès en tout genre et de tout bord religieux. Car une courte, mais magnifique, parenthèse montre également que la foi bien utilisée rend l’homme meilleur. La véritable révélation malgré tout reste celle de la réapparition de Jae Lee. Après plus de neuf ans d’absence, le come back de Jae Lee sonne comme le retour du Messie que l’on n’attendait plus. Ce récit est sûrement la quintessence de son style et la couverture le résume bien, à la fois cauchemardesque et inquiétante, tout en étant d’une beauté et d’une évanescence sans nom. Les Sept synthétisent l’art si particulier de Lee avec leur androgynie et ce visage à la fois doux et effrayant. L’artiste alterne de façon géniale moments poétiques et passages violents et sordides. Sa pagination innovante construit des cases qui dessinent des vitraux comme pour mieux consacrer le génie divin de Jae Lee. Ouvrez les yeux, laissez-vous inonder par l’art céleste de Lee et loué soit-il pour nous avoir diffusé un peu de sa lumière !