L'histoire :
Dorian Leith a un don : il peut voir les fantômes. Il utilise ce don pour faire le bien autour de lui et surtout pour accompagner au mieux ces esprits, dans leur passage vers l'au-delà. Pour cela, il intervient dans différents villages où il propose ses services, soulage les vivants qui sont hantés par ces fantômes, tout en apaisant les morts. Ce jour-là, il se rend dans une maison de Bois-Corbeau, hantée par un terrible spectre. Les pouvoirs de l'exorciste n'ont rien donné, alors Dorian a été appelé par le docteur Prudence Greeves, qui vit dans cette demeure. Elle explique à Dorian que le spectre hante les lieux depuis quelques années, par intermittence, mais qu'il est très actif depuis six mois. Le fantôme fait des bruits, met l'étude sens dessus-dessous, et fait tomber le chandelier de la cheminée. Dorian se permet de demander quelles mesures ont été prises pour se prémunir de ces agissements. Elle montre un tas de sel imposant devant la porte de la pièce hantée en question. Dorian l'ouvre, et à l'intérieur, découvre cinq fantômes ! Ils sont beaucoup plus nombreux que prévu... Il salue les spectres, il y a Gavin Greeves, le frère de Prudence, les frères Winston, qui traînaient à l'origine dans le jardin, Owen, qui ressemble à un pirate, et Muffin, le chat, qui fait tomber le chandelier. Gavin a très peur d'être exorcisé, mais Dorian le rassure. Ce n'est pas sa méthode. Lui veut apprendre à les connaître, les accompagner en douceur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier roman graphique de Johanna Taylor montre une pagination conséquente. Ça commence par un avertissement de l'éditeur sur la première page, ce qui est assez rare, notamment chez Jungle : « l'album aborde les thèmes du deuil, de la perte, de la mort, de l'anxiété, du surmenage et du traumatisme » et « il n'hésite pas à évoquer et à représenter le décès d'adultes et d'enfants, des faits d'abus émotionnel, la stigmatisation des maladies mentales et contient de brèves scènes horrifiques ». Après la lecture de ces lignes, on se dit qu'on est préparé au pire. Qu'on se rassure, la lecture est tout à fait accessible aux adolescents (à partir de 12 ans) et aux adultes, mais il est plutôt sage d'avertir les lecteurs, qui pourraient être touchés plus particulièrement par ces sujets. Car effectivement, le scénario aborde notamment la question du deuil et de la mort tout au long du récit. Dorian a le don de voir les fantômes et il veut les aider sans les brusquer à passer vers l'au-delà. Mais son métier est mal vu et il est exclu de la société. Il se réfugie dans son travail et a du mal à se laisser aller au bonheur. D'autant que la clé de la Porte de la Mort a été volée, et il doit rétablir l'équilibre au plus vite. L'histoire est très dense. Il y a beaucoup de textes, certaines planches sont très chargées. Nous pouvons penser au départ que nous allons suivre une succession de petites histoires dans lesquelles Dorian Leith va venir en aide aux fantômes, mais ce n'est pas le cas. Les petites histoires n'en forment plus qu'une. Si le sujet et son traitement sont intéressants, tout est un peu trop long et aurait pu être condensé. Graphiquement, le dessin est maîtrisé, les ambiances horrifiques et spectrales sont bien retranscrites, et il y a toujours en arrière-plan une note d'espoir.