L'histoire :
Le Caliban est un vaisseau d'exploration minière. Les mineurs, les métallurgistes et les géologues qu'il emporte dorment en cale, avec la cargaison. Ils n'ont jamais la tentation de scruter l'infini, encore et encore, au point d'en venir à aller ouvrir un SAS pour jeter un œil de plus près. L'idée reste la même pour tous : voyager, à la recherche de trésors lointains. C'est ce que fait l'équipage et ses pilotes. Entrer dans un trou de ver et parcourir des distances incroyables en quelques semaines ou quelques mois. L'infini, c'est romantique comme concept, mais mieux vaut ne pas le contempler trop longtemps derrière un hublot. Il faut passer de nombreux tests psychologiques avant de pouvoir rejoindre un équipage qui vole en hyper-espace. Mais aucun test n'est infaillible. 119 planètes et lunes, et pas une seule d'habitable. Scaphandre et respirateurs obligatoires. La vie extra-terrestre ? Oubliez. Un lichen orange, trouvé sur un astéroïde, ou bien une sorte de mollusque pataugeant dans ses propres excréments, sur une Lune...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Garth Ennis n'est pas qu'un vandale qui a saccagé les super-héros. Ce n'est pas non plus qu'un sanguinaire qui a signé Crossed, où le reflet du tueur implacable qu'est le Punisher. C'est aussi un type qui aime le cinéma et quand il a entendu parler d'une préquelle, mais bien avant Prometheus, les idées lui sont venues. Et comme il n'a pas voulu les laisser en plan, il les a refondues et c'est devenu Caliban, sorti chez ses vieux complices d'Avatar Press. Pour le reste, Garth Ennis lui-même l'explique dans l'interview réalisée par Mickaël Géreaume, Alain Delaplace (qui est à la trad') et Cédric Calas, alias Le Commis des Comics, vous disent tout, dans l'édito la préface. Caliban, c'est donc un huis-clos angoissant. Avec pour point de départ une collision qui n'est pas censée être, puisque les deux vaisseaux impliqués évoluaient en vitesse hyper-espace ! Et immédiatement, tout fonctionne : l'équipage aux aguets, une technologie alien dont on n'arrive pas à identifier le niveau, d'étranges créatures en gestation, des humains qui deviennent fous, bref, tous les sujets sont joyeusement enquillés en 150 planches qui, si elles ne sont pas révolutionnaires, assurent le spectacle sans temps mort. Facundo Percio s'éclate avec une mise en page cinématographique de ses pages encrées par Sebastian Carol, alors qu'Hernàn Cabrera pose des couleurs idéales : sombres pour servir le récit et suffisamment brillantes pour véhiculer une lumière inquiétante. Voilà, un récit peut-être «mineur» de l'irlandais, mais aussi une bonne pioche par Komics Initiative. Un Garth Ennis, s'il vous plaît, ça ne se refuse pas. Quoi ? Un autre ?! Rover quoi ? Ah ouais, un récit avec des chiens, mais c'est une autre histoire...