L'histoire :
Depuis que son mari a rejoint les rangs de l’armée rouge, pour envahir la Finlande selon les ordres de Staline, Tatiana vit seule avec sa fille Yari, dans une chaumière profondément perdue au milieu d’une forêt du Nord. L’hiver est rigoureux, mais la mère et sa fille savent se débrouiller pour survivre. C’est surtout la solitude qui leur pèse, et l’inquiétude de ne jamais voir leur mari et père revenir. Le soir, une fois que sa fille est couchée et qu’une torche enflammée a été déposée devant la cabane, Tatiana s’enivre pour tenir le coup. En rêve, elle s’imagine discuter avec son mari, mais un mari rongé par le givre, qui se décompose et disparait petit à petit… Un jour, alors qu’elle s’est légèrement éloignée de la chaumière pour récupérer du bois pour le feu, Yari découvre un charnier. Sa mère la prend dans ses bras en tentant de détourner son regard. Ce sont sûrement des animaux qui se sont entretués. Les animaux ont des instincts sauvages, c’est ainsi. Pourtant, au hameau voisin, des hommes sont inquiets. Les troupeaux sont décimés par un mystérieux prédateur, qui ne laisse pas une goutte de sang…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prenez une veuve et une orpheline, qui tentent de survivre dans un triste chalet au fin fond d’une forêt enneigée et glacée, dans l’espoir (maigre) de voir revenir de la guerre leur mari et père. Difficile de faire une situation de départ de conte plus larmoyante. Quitte à spoiler le registre de ce comics, prenez ensuite l’un des monstres les plus inquiétants de la littérature d’épouvante : le vampire. Faites le lien… Et voilà, vous tenez la substantifique moelle, archi-convenue, de ce comics publié en 4 fascicules et reliés en un seul recueil souple de quatre chapitres par Komics Initiative. Le scénario de l’italien Massimo Rosi est très simple, sans grandes perspectives et un peu bancal au niveau de la psychologie des personnages (la mère est tantôt aimante, tantôt violente… et l’alcool est bien pratique pour étouffer cette bipolarité). Ce scénario se met essentiellement au service des ambiances, lentes, inquiétantes, des cadrages cinématographiques variés et du dessin semi-réaliste de son compatriote Ivan Fiorelli. Le visuel est 100% en noir et blanc (et gris), avec une unique teinte de rouge pour… les feuilles d’érable. C’est-à-dire une pirouette pour dépasser l’aspect gore attendu de l’hémoglobine.