L'histoire :
Tony Iverson est un citoyen américain qui dispose de beaucoup d'argent. Suffisamment pour avoir déjà dépensé 4,5 millions de dollars pour récupérer la carcasse d'un Hurricane. Il vient de poser son jet privé sur la piste d'un petit aérodrome situé quelque part dans le Suffolk et serre la main épaisse de Paul Finley, l'homme qui détient ce qu'il reste du chasseur anglais mythique. Celui-ci ne se contentera d'ailleurs pas de remettre en état une épave d'avion, même si c'est la plus abimée qu'il ait pu récupérer. Une partie des prestations qu'il propose consiste à retracer l'histoire de chaque aéronef rénové. Celui-ci, le P7089 a été chargé sur le Camship Empire Cape en septembre 1941. Sa mission : protéger le convoi XQ14 à destination de la Russie. Finley propose aussi au millionnaire de lui ouvrir son carnet d'adresses et plus particulièrement ses contacts russes, car l'avion de chasse anglais a été retrouvé en Allemagne de l'Est...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Johnny Red est un personnage historique des comics britanniques, créé à l'époque où le comics de guerre était un genre à part entière. Sa genèse vient d'ailleurs d'un fait de guerre authentique, celui d'un pilote britannique de Hurricane, catapulté depuis un Camship (un navire civil réquisitionné, équipé d'une rampe de lancement dotée d'une fusée et qui ne pouvait pas faire apponter l'aéronef mais offrait une sorte de compensation à l'insuffisance de nombre de porte-avions) et qui avait fini par se poser en territoire soviétique. La fertile imagination de Tom Tully lui avait permis d'extrapoler et de camper un personnage furieusement original : un pilote anglais peu enclin à revenir sur ses terres natales mais férocement anti-nazi, recueilli par un escadron rouge pour finalement en devenir le leader. Voici donc sa version contemporaine. Et qui de plus qualifié que Garth Ennis, grand connaisseur de l'Histoire des conflits pour en signer une mini-série? Elle est intégralement réunie ici par Komics Initiative dans sa collection Titan, pour un joli pavé de quasi 300 pages. On ajoutera que les connaisseurs de l'auteur irlandais mettront à son actif, dans la catégorie comics de guerre, le terrifiant War is Hell et les non moins poignantes War stories. Autant dire qu'il est comme un poisson dans l'eau et qu'il signe un récit remarquable, qui ne souffre d'aucun chapitre faible. Bien au contraire, il y a des moments (nombreux) d'anthologie ! Ce qui fait l'étoffe des héros, ce qui fait qu'un type est dur mais généreux, impitoyable mais pas insensible, ça, il sait à merveille l'insuffler à ses personnages. Et même si Johnny Red « n'est pas à lui », le scénariste se montre ici à son meilleur niveau. Pour succéder aux dessins de Joe Colqhoun (La Grande Guerre de Charlie), il fallait également un grand artiste et Keith Burns délivre des planches tout simplement incroyables. Drawing fire... les scènes de combat sont à couper le souffle par leur réalisme. C'est à peine si on n'a pas le réflexe de se mettre à l'abri de peur de prendre un éclat d'obus ou une rafale de mitrailleuse ! Burns nous offre tout au long des épisodes, des planches à couper le souffle. On saluera aussi la présence de nombreuses pages rédactionnelles, qui reviennent sur les faits de guerre, les machines et les hommes qui s'y sont livrés et bien sûr, une foule de renseignements sur la série originale (Garth Ennis lui même s'y exprime). Fondez donc sur ce livre comme la Luftwaffe s'abattit sur Stalingrad et ressortez de là avec le sentiment d'avoir lu et vécu des instants forts et uniques, car c'est ce qu'est cette BD.