L'histoire :
La mère de Billie, adolescente du Texas, vient de décéder. Plutôt que de confier l’éducation de sa fille à sa sœur, elle a demandé dans ses dernières volontés à ce que Billie soit éduquée par son parrain, un ami de l’état du Kansas. Vexés d’une telle décision, la tante de Billie et son mari font donc la route chafouins. Leur gros pickup les mène jusqu’à la petite de ville de Liberal, pour installer Billie chez Adam. Plutôt heureuse de ne pas rester avec sa tante et son oncle bouseux, Billie découvre son nouvel environnement. Adam vit en célibataire dans un humble pavillon, typique de la classe moyenne, décoré avec des affiches de vieux films. Adam s’occupe en effet d’un cinéma de quartier, qui diffuse des antiquités. Billie comprend rapidement qu’Adam est gay, mais elle n’est absolument pas homophobe. Adam lui présente son compagnon, Steven, d’origine mexicaine, qui vend les sucreries à l’accueil du cinéma. Malgré son deuil, Billie s’adapte bien à cette nouvelle vie. D’autant qu’Adam et Steven font montre de mille attentions et enseignements à son égard. Le plus difficile pour elle, reste l’intégration au lycée. On la prend pour une péquenot avec ses jupes longues… et sa bonne culture générale la fait aussi passer pour la fayote de la classe. Le pire viendra lorsqu’on découvrira qu’elle vit avec des homos. Comble du malheur : elle se noue d’amitié avec une fille ouvertement lesbienne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenue dans l’Amérique profonde, chez les rednecks homophobes du Kansas ! Le scénariste Robert Mailer Anderson nous donne ici à suivre le destin familial tourmenté de Billie. Cette adolescente intelligente et attachante se retrouve subitement orpheline ; et jamais la cause précise (accident ou maladie de ses parents) ne sera explicitée. Or le testament de sa mère indique que Billie, originaire du Texas, doit être confiée à son parrain Adam, qui habite dans le Kansas, à quelques centaines de kilomètres. Adam est gay et il tente de faire vivre un cinéma dans la petite ville de Liberal (Kansas), d’où est originaire le personnage de Dorothée, incarnée par Judy Garland dans le Magicien d’Oz (1939)... devenue égérie de la communauté gay. L’homosexualité d’Adam n’est pas un problème pour Billie… mais il en est un pour lui-même, qui peine encore à assumer socialement sa libido, malgré ses cheveux grisonnants. L’homophobie ambiante dans cette Amérique rurale est bel et bien le sujet de ce long « graphic novel » grand format. Au nom de la morale et de l’équilibre familial, les « bons chrétiens » manifestent et harcèlent cette nouvelle famille… et la tante naturelle de Billie tente aussi de « la récupérer ». Le scénariste brosse un portrait très juste de la difficulté d’être homo, sans tomber ni dans la caricature, ni dans la leçon de tolérance. Les personnages sont tous très attachants, le compagnon latino d’Adam, très maniéré mais toujours de bons conseils, en premier lieu. Jon Sack dessine l’ensemble dans un style semi-réaliste encré, avec des couleurs en aplats, une veine qui rappelle Daniel Clowes. Par sa capacité feel-good à mettre le doigt sans tabou et pertinemment sur des sujets sensibles, cet ouvrage peut faire référence au sein de la communauté LGBTQIA+.